Les touristes internationaux brillent par leur absence au centre-ville de Montréal, qui reprend tranquillement vie. Terrasses achalandées, hôtels affichant complet : si les affaires vont bon train, c’est grâce aux visiteurs ontariens et aux familles québécoises, a constaté La Presse sur le terrain.

C’est un samedi soir d’été presque normal à la place des Festivals. Au troisième jour de Juste pour rire, l’allée principale déborde de visiteurs et les terrasses sont pleines, des files de clients zigzaguant sur les trottoirs.

« On ne prend plus de réservations pour ce soir », affirme Carolane Gariépy derrière le comptoir de l’hôtel DoubleTree by Hilton, en plein cœur de la place. Depuis le début de la soirée, ça n’arrête pas. Familles, couples et groupes d’amis se présentent à la réception de l’hôtel, bagages à la main.

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Carolane Gariépy derrière le comptoir de l’hôtel DoubleTree by Hilton

« La moitié de nos chambres ne sont pas encore disponibles, en raison des mesures sanitaires, mais je dirais qu’on est à 100 % de notre 50 % », affirme-t-elle, entre deux clients. Alberto Aguilar et David Laflamme en font partie. Le premier est descendu d’Ottawa, le second, de Gatineau. Ils se sont retrouvés au DoubleTree by Hilton pour le week-end.

« On voulait visiter un endroit différent, sans quitter le pays. Montréal, c’est ce qui ressemble le plus à l’Europe. Avec sa culture, ses vieux bâtiments… La bouffe est meilleure aussi ! », s’exclame Alberto.

Leur plan pour ce soir : restaurant, puis tournée des bars. Demain, ce sera brunch et marche en ville. « Les cas de COVID-19 baissent tous les jours. On se sent en sécurité de sortir », assure le jeune homme.

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Alberto Aguilar et David Laflamme, respectivement d’Ottawa et de Gatineau, visitent Montréal pour le week-end.

Pas de touristes internationaux

À l’intérieur de la boutique Souvenirs Bonjour-Québec, c’est le calme plat. Elle est pourtant située sur la rue Sainte-Catherine, qui déborde de piétons. « Ma clientèle, ce sont les Européens et les Américains. L’été, les rues achalandées, ça ne veut rien dire. Les touristes internationaux ne sont pas là », déplore Daniel Gabrian, propriétaire de la boutique.

Il y a bien des touristes ontariens ou encore britanno-colombiens, mais ce ne sont pas eux qui videront ses étalages de chandails « I Love Canada ». « Les ventes ont augmenté un peu, mais c’est très minime. Ça ne paye pas notre loyer. Ce n’est pas cet été que ça va repartir », juge-t-il. La preuve : il n’a même pas embauché d’employé pour la haute saison. « Je n’en ai aucun besoin », dit-il, assis derrière sa caisse.

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Daniel Gabrian, propriétaire de la boutique Souvenirs Bonjour-Québec

Deux portes plus loin, Louis Pitois accueille les clients sur la terrasse de la pizzeria N900. Lui aussi a constaté l’absence des touristes internationaux. « J’ai beaucoup de clients ontariens. Là-bas, les salles à manger intérieures n’étaient pas ouvertes avant vendredi. Les gens venaient ici pour ça », raconte le maître d’hôtel.

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Louis Pitois, maître d’hôtel à la pizzeria N900

Vendredi, l’Ontario est effectivement passé à la troisième étape de son plan de déconfinement. Zhi Hu et ses amis ont profité de l’assouplissement des mesures sanitaires pour traverser la frontière et visiter Montréal. « Pourquoi Montréal ? Parce que Toronto est trop loin ! », rigole-t-il, avant de reprendre son sérieux. « On a choisi Montréal pour ses rues, le Vieux-Port. C’est vraiment très joli. »

Si le temps lui permet, lui et ses amis resteront en ville jusqu’au coucher du soleil, afin de filmer quelques images pour leur chaîne YouTube. Puis, ils retourneront à Ottawa. « Ça fait 15 mois qu’on est à l’intérieur et que je n’ai rien à filmer. La ville est active, il y a plein de monde dehors. C’est comme si tout était enfin normal. »