Des centaines de manifestants propalestiniens se sont de nouveau réunis devant le consulat général d’Israël à Westmount, samedi après-midi. La manifestation, qui se voulait pacifique, a toutefois été déclarée illégale par la police en milieu d’après-midi.

« Avec, avec, avec la Palestine », ont scandé les centaines de manifestants à l’unisson, qui ont répondu à un appel au rassemblement pacifique en solidarité avec le peuple palestinien, lancé plus tôt sur les réseaux sociaux. Dans la foule, les pancartes étaient nombreuses. « Non au silence du Canada sur le génocide d’Israël contre les Palestiniens », « Les enfants méritent une enfance », « Les politiques d’Israël sont abusives », pouvait-on notamment lire.

Pour de nombreux manifestants interpellés sur place, le cessez-le-feu décrété plus tôt cette semaine « ne règle pas le problème », et surtout, il ne met pas un terme à l’« occupation illégale » d’Israël en Palestine.

J’ai un ami infirmier en ce moment à Gaza. Et il n’a même pas le temps de faire le deuil de membres de sa propre famille, parce qu’il est constamment à l’hôpital. Imaginez un peu la situation. Ce n’est pas juste, ce n’est pas humain, de vivre dans ce type d’environnement.

Ali, jeune manifestant rencontré par La Presse

Pour lui, l’interruption de l’escalade militaire est « un pas dans la bonne direction », mais n’est en rien une garantie que les tirs de roquettes ne recommenceront pas dans un avenir rapproché. « Ça fait 70 ans qu’on voit et qu’on entend ça. L’occupation d’Israël n’est pas terminée. On a encore beaucoup de travail à faire pour y arriver », poursuit-il.

« Les Palestiniens doivent avoir leur propre État, avec leurs lois et leurs institutions, pour retrouver leur dignité. Ça ne veut pas dire qu’Israël va cesser d’exister. Il y a toujours une façon de faire la paix », a ajouté un autre manifestant non loin de là.

Sous haute surveillance

Dès le départ du rassemblement, les agents du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avaient établi un périmètre devant la façade du consulat, où une fenêtre avait été brisée samedi dernier lors d’une manifestation d’envergure à laquelle des milliers de personnes avaient participé. Peu avant 15 h, la manifestation a été déclarée illégale par la police de Montréal, alors que la foule entamait une marche dans les rues du centre-ville.

« Les manifestants ont commencé à être moins ordonnés, des projectiles ont été lancés vers les policiers. C’était un petit groupe, mais ça a forcé les agents à déclarer la manifestation illégale », a expliqué à ce sujet un porte-parole du corps policier, Raphaël Bergeron.

PHOTO ROBERT SKINNER, LA PRESSE

Peu avant 15 h, la manifestation a été déclarée illégale par la police de Montréal, alors que la foule entamait une marche dans les rues du centre-ville.

Quelques manifestants ont quitté les lieux peu après que la manifestation eut été déclarée illégale, mais d’autres ont continué à marcher dans le calme, rue Sainte-Catherine.

Au terme de la soirée, le SPVM rapportait une arrestation pour agression armée à l’endroit d’un policier. Il s’agissait d’un manifestant « qui lançait des roches vers les policiers », a précisé M. Bergeron. En ce qui a trait au respect des consignes sanitaires, aucun constat d’infraction à la Loi sur la santé publique n’a été remis.

Plus tôt cette semaine, lundi, une quinzaine de manifestants juifs et palestiniens s’étaient aussi rassemblés devant le consulat d’Israël. Le groupe avait alors voulu lancer un message de paix, en plus de demander au gouvernement fédéral de prendre position contre la violence perpétrée par Israël.

« On est là pour les droits de la personne qui sont bafoués en Palestine. En tant que Voix juives indépendantes, on est très clairs là-dessus. Il faut que la violence arrête, mais il faut aussi comprendre les origines de la violence », avait alors soutenu Niall Ricardo, de l’organisation Voix juives indépendantes, en insistant sur le fait que les personnes juives ne constituent pas un groupe homogène, et que l’organisation ne tolère pas les actions du gouvernement israélien.

Des élus canadiens demandent des sanctions

Pendant ce temps, à Ottawa, un groupe de parlementaires multipartite demande au gouvernement fédéral de condamner « sur-le-champ » l’installation de colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. Dans une lettre transmise vendredi au premier ministre Justin Trudeau, ce groupe de 26 parlementaires – 24 députés et 2 sénateurs – écrit que le Canada « ne peut plus ignorer les multiples violations des droits des Palestiniens par le gouvernement israélien ».

Selon le Groupe d’amitié parlementaire Canada-Palestine, « il ne peut y avoir de solution à deux États si les colonies illégalement implantées continuent de s’étendre d’année en année et s’il n’y a pas de territoire pour les Palestiniens ».

Cette semaine, à la suite du cessez-le-feu entre Israël et le Hamas, qui gouverne la bande de Gaza, le ministre canadien des Affaires étrangères, Marc Garneau, a écrit que « le Canada appelle à un engagement renouvelé envers la paix et est prêt à soutenir les efforts vers une solution à deux États ».

Avec La Presse Canadienne