La crise sanitaire continue de peser lourd sur les finances municipales, mais grâce à l’aide de Québec, la Ville de Montréal se targue de pouvoir dégager un excédent budgétaire de 247 millions, alors que l’opposition dénonce un exercice de « créativité comptable ».

La pandémie « a eu et continue d’avoir un impact important sur les finances de la métropole et également sur nos réalisations », a souligné le président du comité exécutif de la Ville de Montréal, Benoit Dorais, en rendant public, jeudi, le rapport financier pour l’exercice qui s’est conclu le 31 décembre 2020.

« Pour les finances de la métropole, la pandémie a non seulement engendré des dépenses supplémentaires, elle a aussi entraîné une baisse des revenus », a expliqué M. Dorais.

Au printemps 2020, l’administration municipale a mis en place en plan de redressement de 123,4 millions, a-t-il rappelé. Puis, l’automne dernier, la ville a reçu une compensation de 263,5 millions du gouvernement du Québec pour couvrir les impacts financiers de la crise sanitaire.

« Grâce à tous ces efforts, l’exercice financier de 2020 se solde par un excédent global de 247 millions », soit 4 % de ses revenus globaux, indique Benoit Dorais. « Notre saine gestion des dernières années avait placé la Ville de Montréal dans une situation enviable avant la crise, qui s’était traduite par un développement économique florissant et des finances publiques solides. Grâce à nos décisions passées, nous avons été en mesure de traverser la crise et d’être au rendez-vous pour soutenir la population montréalaise. »

« Sous la tutelle de Québec »

Le parti Ensemble Montréal, qui forme l’opposition à l’hôtel de ville, voit la situation d’un tout autre œil : selon lui, l’administration de Valérie Plante a des pratiques dépensières, qui font que « Montréal se retrouve sous la tutelle financière du gouvernement du Québec », dénonce la conseillère Karine Boivin-Roy, leader de l’opposition officielle.

« L’administration Plante a taxé et surendetté les Montréalais, mais n’arrive toujours pas à payer son augmentation de dépenses de plus d’un milliard depuis 2017 », ajoute-t-elle.

L’excédent de 247 millions mise de l’avant par l’administration serait le résultat d’une « créativité comptable », affirme l’opposition, qui soutient que la ville se retrouve avec une réserve financière de seulement 72 millions « une marge de manœuvre extrêmement mince face aux défis qui attendent la Ville de Montréal après la pandémie », déplore Alan DeSousa, porte-parole de l’opposition en matière de finances.

En 2019, la réserve financière s’élevait à 246,6 millions.

« Les états financiers qui nous sont présentés aujourd’hui montrent que les dépenses sont totalement hors de contrôle, alors que les revenus sont bien en deçà de ce qui était anticipé. C’est simple : la Ville de Montréal n’a plus d’argent dans ses coffres », dit M. DeSousa

La ville serait en déficit sans l’aide financière octroyée par Québec, et elle doit puiser 156 millions dans sa réserve financière accumulée afin de présenter des surplus, ajoute-t-il.