À moins d’un revirement, Montréal ne tiendra pas d’opération à grande échelle de vote par correspondance lors du scrutin municipal de novembre prochain.

L’administration Plante a refusé de demander l’autorisation du gouvernement du Québec pour offrir ce service aux aînés montréalais, convaincue par sa fonction publique qui jugeait l’opération virtuellement impossible à organiser d’ici l’automne.

A contrario, les troupes de Denis Coderre au conseil municipal ont déchiré leur chemise : à leur avis, les droits fondamentaux des aînés montréalais sont mis en danger parce que Montréal ne s’est pas suffisamment préparé. Des milliers d’entre eux pourraient rester à la maison de crainte d’attraper la COVID-19 en votant, ont-ils dit, laissant même entendre que des intérêts partisans se cachaient derrière cette décision.

PHOTO MARTIN TREMBLAY, ARCHIVES LA PRESSE

Lionel Perez, leader de l’opposition au conseil municipal

La crise que nous vivons est de facto une barrière pour certaines populations, qui les empêche de voter sereinement. Il n’y a pas d’efforts de l’administration. […] L’administration de la Ville de Montréal devrait être mortifiée à l’idée que le taux de participation puisse diminuer — possiblement drastiquement — à cause de la crise sanitaire.

Lionel Perez, leader de l’opposition au conseil municipal.

Juste avant, le greffier de la Ville de Montréal avait expliqué aux élus que les élections municipales ne pourraient profiter d’une « garantie d’intégrité » si on forçait la fonction publique à organiser un vote par correspondance massif à quelques mois d’avis. Il a souligné qu’il aurait aimé pouvoir s’organiser avant, mais que le gouvernement du Québec avait fixé les règles trop tardivement.

C’est ce témoignage que l’administration Plante a brandi pour voter contre une motion de l’opposition demandant la tenue d’un vote par correspondance pour les aînés.

« Ce qu’on veut éviter, c’est un cafouillage qui viendrait beaucoup plus miner la confiance dans le système démocratique que le fait de devoir aller voter en personne », a fait valoir François Limoges, bras droit de Valérie Plante au conseil municipal. Il a évoqué un vote « improvisé, mal fait » si Montréal allait de l’avant.

Une enquête indépendante possible

Par ailleurs, en début de séance du conseil municipal, Valérie Plante a ouvert la porte à la tenue d’une enquête indépendante sur une intervention des inspecteurs du métro qui a soulevé un tollé la fin de semaine dernière.

Une vidéo mise en ligne samedi montre plusieurs agents de la Société de transport de Montréal (STM) qui tentent de maîtriser au moins un individu sur le sol de la station Jean-Talon. L’intervention est musclée et l’un des agents semble asséner des coups de poing à un belligérant.

Dans un communiqué, la STM a relaté qu’un des individus impliqués avait mordu un de ses inspecteurs, lui causant une blessure.

Questionnée à ce sujet à la réunion du conseil municipal de mardi, Valérie Plante a souligné le déclenchement d’une enquête interne de la STM, mais a aussi ouvert la porte à la tenue d’une enquête indépendante.

« Cette situation est choquante. On a définitivement besoin de faire la lumière là-dessus », a dit la mairesse, en réponse à une question de son vis-à-vis Lionel Perez.

« On a dit qu’on évaluait la question de l’enquête externe, a-t-elle continué. On l’évalue sérieusement. »