Au cours des derniers mois, vous avez été nombreux à me dire à quel point la philosophie de Projet Montréal ne cadre pas avec la réalité de votre milieu.

« On dirait que l’approche de l’administration Plante est faite pour quelques arrondissements, mais pas pour le mien », m’écrivez-vous en substance.

Vous n’êtes pas les seuls à penser cela. Des candidats, de plus en plus nombreux à convoiter la mairie des arrondissements, partagent aussi ce point de vue. À huit mois des élections municipales, on assiste à une multiplication des voix locales.

Tout indique que les bulletins de vote seront bien garnis en novembre prochain.

Déjà trois nouveaux partis d’arrondissement ont vu le jour. Et ils ont tous été créés par d’anciennes élues de Projet Montréal : Courage, de Sue Montgomery, mairesse de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, Quartiers Montréal, de Giuliana Fumagalli, mairesse de Villeray–Saint-Michel–Parc-Extension, et un parti dont le nom est à venir de Julie-Pascale Provost, conseillère à Lachine.

Ces trois femmes, qui ont été éjectées de leur parti, n’ont pas envie de baisser les bras, loin de là.

On peut donc parler d’une riposte des Ex !

« J’ai choisi le nom Courage parce que ça en prend pour dire la vérité dans la Ville de Montréal, m’a confié Sue Montgomery. Il faut se battre pour obtenir la justice. »

Celle qui a été exclue de Projet Montréal en janvier 2020, à la suite d’allégations de harcèlement psychologique impliquant sa directrice de cabinet, aimerait établir une sorte d’alliance avec le parti que vient de créer Giuliana Fumagalli.

« Il est important de promouvoir une vision de décentralisation des pouvoirs et de l’argent, dit Mme Fumagalli. Les arrondissements sont différents les uns des autres, même les districts à l’intérieur des arrondissements ont des besoins différents. Il faut revenir aux citoyens », ajoute celle qui a également été exclue de Projet Montréal, en 2018, à la suite d’allégations de harcèlement psychologique à l’égard de certains employés.

À ces trois nouveaux partis s’ajoutent Citoyen.ne.s Outremont, créé par Marc Poulin, un résidant qui a souvent eu l’occasion d’en découdre avec le maire Philipe Tomlinson (souvenez-vous de l’épisode du peanut gallery), et Équipe CDN-NDG, une autre option pour les habitants de Côte-des-Neiges–Notre-Dame-de-Grâce, proposée par Alexander Montagano.

Signalons que Manon Barbe, d’Équipe Barbe, mairesse de l’arrondissement de LaSalle, et Luis Miranda, d’Équipe Anjou, maire de l’arrondissement du même nom, ont fait part de leur intention de lutter pour conserver leurs puissants acquis dans leur fief.

Je ne suis pas en train de dire que les candidats qui souhaitent s’emparer de ces arrondissements sous une nouvelle bannière vont y parvenir en claquant des doigts. La lutte est loin d’être gagnée.

Mais cette multiplication des voix envoie un message clair à l’administration en place. Les arrondissements veulent obtenir plus de pouvoir et d’autonomie.

« Cela montre qu’il y a une grande frustration actuellement dans les arrondissements », ajoute Sue Montgomery.

L’objectif de Projet Montréal sera donc de faire la lutte à tous ces partis tout en préservant ses châteaux forts dans Le Plateau-Mont-Royal, Rosemont–La Petite-Patrie, Outremont, Le Sud-Ouest, Mercier–Hochelaga-Maisonneuve, L’Île-Bizard–Sainte-Geneviève, Ville-Marie et Lachine.

PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

« Tout indique que les bulletins de vote seront bien garnis en novembre prochain », écrit notre chroniqueur.

Et tout cela dans le cadre d’une campagne électorale qui sera placée sous le signe d’une pandémie. Ce qui n’est pas de la tarte.

À cet égard, l’administration Plante s’oppose à un élargissement du vote postal qui permettrait aux personnes qui ne pourront ou ne voudront se déplacer d’exercer leur droit. Cela apparaît « compliqué » pour la Ville de Montréal.

Il ne fait aucun doute que cet enjeu sera déterminant le 7 novembre prochain.

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Si les options se diversifient dans les arrondissements, on observe la même chose à la mairie de Montréal. Pour le moment, Projet Montréal fait face à cinq nouveaux partis : Action Montréal, mené par Gilbert Thibodeau, Engagement pour Montréal, mené par Félix-Antoine Joli-Cœur, Ralliement pour Montréal, mené par Marc-Antoine Desjardins, Équité Montréal, mené par Jean-François Cloutier, et Montréal 2021, mené par Luc Ménard.

Une suggestion aux candidats qui seraient tentés de créer un autre parti : s’il vous plaît, mettez un peu d’originalité dans le nom. Sinon, une belle confusion risque de régner dans l’isoloir.

Reste à voir maintenant si Denis Coderre reviendra sous une nouvelle bannière ou s’il reprendra les bases de son ancien parti, Ensemble Montréal, un parti qui continue de trôner dans Montréal-Nord, Pierrefonds-Roxboro, Saint-Laurent et Saint-Léonard.

On devrait se réjouir de voir autant de candidats sauter dans l’arène. Cela veut dire que des gens ont envie de s’impliquer dans la vie municipale.

Mais qui dit plus de candidats et de partis dit plus grand risque de fragmentation du vote. J’ai très hâte de voir les résultats des sondages sérieux qui paraîtront à la fin de l’été. Ils nous diront à qui profite vraiment ce morcellement.

Il y a un élément dont il faut tenir compte dans ce qui s’en vient. Si le scénario reste le même, cela signifie qu’une seule femme se mesurerait à cinq, peut-être six candidats masculins.

Il ne fait aucun doute qu’au moment où la parité est un enjeu crucial dans nos sociétés, des électrices et électeurs tiendront compte de cela quand viendra le temps de faire leur choix.