(Montréal) Mis à pied depuis mars 2020 et contraints de composer avec une abolition de 70 % des postes, les travailleurs de la basilique Notre-Dame de Montréal sonnent l’alarme. Lors d’une manifestation samedi, ils ont réclamé l’ouverture du dialogue avec leur employeur, qui profite selon eux de la COVID-19 pour justifier ses gestes.

« Ils ne nous ont jamais vraiment dit ce qui était prévu. Il y a des gens qui étaient là depuis 20 ans et qui ont reçu une simple lettre, en novembre dernier, pour se faire dire que leur poste était aboli. Pas de merci, aucune empathie. Ça a été très froid, comme si on avait jeté un vieux kleenex à la poubelle », s’indigne la présidente du Syndicat des travailleurs de la Fabrique Notre-Dame, Hélène Godin, qui parle ironiquement d’un employeur « pas très catholique ».

Mme Godin affirme que des postes « essentiels » ont été abolis, comme ceux de menuisiers ou de guides touristiques, alors que la réouverture à terme de la basilique ne fait pourtant « aucun doute ».

La leader syndicale soutient également que l’employeur ne respecte pas ses engagements en matière de négociations avec ses employés. « Tout récemment, en février, on leur a demandé une rencontre, et ils nous ont dit que d’ici la semaine de relâche, on aurait des informations sur la réouverture. On n’a jamais été convoqués », déplore-t-elle en entrevue.

Nos patrons restent complètement muets et on commence à être tannés de se faire traiter de la sorte, d’être dans le noir. Ça n’a pas de bon sens. On s’est dit qu’il fallait sortir publiquement pour en parler.

Hélène Godin, présidente du Syndicat des travailleurs de la Fabrique Notre-Dame

PHOTO CATHERINE LEFEBVRE, COLLABORATION SPÉCIALE

Deux autres syndicats impliqués

Le groupe dénonce par ailleurs que la Fabrique n’ait pas non plus voulu rouvrir l’été dernier, « malgré un engouement pour le tourisme local ». Les salariés du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, qui ont le même employeur, se disent eux aussi « exaspérés » par la lenteur des discussions.

« Nous sommes sans contrat de travail depuis décembre 2018 et en négociation depuis le mois de novembre 2019. Depuis le début de la pandémie, nous avons vécu de l’intimidation, et malgré un plancher d’emploi inscrit dans notre convention collective, l’employeur n’a pas rappelé les salariés saisonniers à la fin du mois de mars 2020 », insiste le vice-président du syndicat des travailleurs de ce cimetière, Patrick Chartrand, dans un communiqué.

M. Chartrand affirme que ses membres ont finalement été rappelés au début du mois de juillet, « alors qu’ils avaient été reconnus en tant que travailleurs prioritaires et que leurs salaires étaient payés à 50 % par le gouvernement ». « Contre toute logique, l’employeur gardait les accès du cimetière fermés, ce qui a attisé la colère de tous ceux qui voulaient se recueillir sur les tombes de leurs proches », ajoute-t-il.

Un troisième syndicat, celui des employés de bureau du cimetière Notre-Dame-des-Neiges, a aussi participé à la manifestation samedi. « Il y a comme un nuage gris au-dessus de nos têtes qui plombe notre environnement de travail. Dans les bureaux, l’employeur a profité de la pandémie pour abolir six postes de conseillers en préarrangements funéraires, et ce, au plus mauvais moment qu’il aurait pu choisir. Alors que la COVID-19 nous rend déjà la tâche difficile, notre propre employeur déstabilise notre milieu de travail, ce qui compromet notre capacité à soutenir les familles endeuillées », a martelé son président, Éric Dufault.

À eux trois, les syndicats représentent environ 175 travailleurs de la Fabrique Notre-Dame. Ils sont aussi soutenus par la Fédération des employées et employés de services publics (FEEESP) ainsi que le Conseil central du Montréal métropolitain (CCMM). Contactée par La Presse, la Fabrique Notre-Dame, de son côté, n’avait pas répondu à nos questions, au moment de publier.