(Montréal) La mairesse de Montréal demande à Ottawa d’adopter des mesures plus fermes pour interdire les armes de poing, après la mort tragique, dimanche, d’une adolescente de 15 ans, prise au milieu d’une fusillade dans l’arrondissement de Saint-Léonard.

Valérie Plante a déclaré mercredi au comité exécutif que les municipalités ne peuvent assumer seules la responsabilité de lutter contre la montée de la violence armée et le trafic d’armes à feu. Elle demande à Ottawa de prendre des mesures pour limiter la possession des armes de poing, de la même manière qu’il l’a fait récemment pour les armes d’assaut. Elle réclame aussi du fédéral des mesures pour mieux contrôler le trafic et la circulation des armes à feu au pays.

Le gouvernement fédéral a interdit l’an dernier quelque 1500 modèles d’armes d’assaut, ce qui signifie qu’ils ne peuvent plus être légalement utilisés, vendus ou importés. Le premier ministre Justin Trudeau a également promis d’aller de l’avant avec une loi qui autoriserait les municipalités à interdire par règlement les armes de poing sur leur territoire. Mais selon la mairesse Plante, il est plus logique que ce soit le gouvernement fédéral qui prenne l’initiative, car les armes peuvent facilement être déplacées d’un territoire à un autre.

La mairesse Plante a indiqué sur Twitter qu’elle avait notamment interpellé à ce sujet M. Trudeau, mercredi matin, lors d’une rencontre virtuelle entre le premier ministre et le Caucus des maires des grandes villes de la Fédération canadienne des municipalités.

Mme Plante estime que la mort de la jeune Meriem Boundaoui lors d’une fusillade au volant d’une voiture, dimanche soir, met en lumière le problème de la violence armée à Montréal, qui est en recrudescence depuis un an.

Victime innocente

L’adolescente était assise dans une voiture, avec une autre personne et discutait avec des gens sur le trottoir lorsqu’une autre voiture est passée et que quelqu’un a ouvert le feu, la touchant mortellement.

Le Service de police de la Ville de Montréal affirme qu’en 2019-2020, dernière année pour laquelle des statistiques sont disponibles, les crimes impliquant des armes à feu ont augmenté d’environ 10 % par rapport à l’année précédente. Les policiers estiment par ailleurs que le nombre de crimes commis avec des armes à feu est particulièrement élevé depuis quelques semaines.

La mairesse Plante assure que la Ville et son service de police prennent déjà, de leur côté, des mesures concrètes, avec des patrouilles accrues, la création récente de l’Équipe dédiée à la lutte contre le trafic d’armes, composée de 30 policiers, et plus de financement pour les organismes communautaires qui travaillent avec les jeunes à risque dans les quartiers.

Mme Plante demande également au gouvernement du Québec plus d’argent pour les patrouilles mixtes, qui jumellent des policiers à des travailleurs sociaux pour répondre aux appels.

À Québec, la ministre de la Sécurité publique, Geneviève Guilbault, a déclaré que la situation à Montréal était « préoccupante », en particulier dans le nord de la ville. Elle a rappelé que le gouvernement avait annoncé un financement de 65 millions pour lutter contre la violence armée l’automne dernier, dont 5 millions spécifiquement pour la police de Montréal.

Elle a aussi indiqué qu’elle était en discussion régulière avec les autorités locales concernant la nécessité de s’attaquer aux causes sociales sous-jacentes de la criminalité armée, avec l’aide d’organisations communautaires et éducatives.

Ottawa dit entendre l’appel

Dans une déclaration écrite, le secrétaire parlementaire du ministre de la Sécurité publique, Joël Lightbound, a fait valoir que le gouvernement avait « mis en place les mesures les plus strictes de l’histoire pour mettre fin à la prolifération des armes d’assaut de type militaires au pays ».

Il a toutefois reconnu qu’il restait « beaucoup de travail à faire ».

« Nous avons entendu l’appel récent de la mairesse Plante de Montréal. Nous présenterons d’ailleurs un projet de loi afin de remplir les promesses en lien avec les armes à feu que nous avons faites aux Canadiens lors des dernières élections », a-t-il indiqué.

Ce projet de loi permettra entre autres aux municipalités d’intervenir elles-mêmes pour limiter les armes de poing, a ajouté M. Lighbound.