Des commerçants de la rue Beaubien, à Montréal, déplorent les « effets dévastateurs » d’un chantier qui s’étire depuis des mois.

Ces travaux, combinés aux difficultés causées par la pandémie de COVID-19, sonnent le glas d’un commerce de quartier : l’épicerie Le Petit Coin, copropriété du chef et restaurateur bien connu Martin Juneau, a mis la clé sous la porte ces derniers jours, après cinq ans et demi d’activité.

Le commerce a vu ses affaires durement atteintes par les travaux en cours depuis des mois rue Beaubien, près de Saint-Dominique, explique M. Juneau, qui déplore en plus les effets de la pandémie.

« Peut-être qu’on aurait pu survivre à l’un ou l’autre, mais pas aux deux. La rue a été partiellement ou complètement fermée, et c’est l’une des choses qui nous ont vraiment fait mal », dit le restaurateur, qui possède deux autres commerces sur cette artère.

PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE

L’épicerie Le Petit Coin a vu ses affaires durement atteintes par les travaux en cours depuis des mois rue Beaubien, près de Saint-Dominique.

David Ferguson, autre propriétaire de deux restaurants rue Beaubien, fait le même constat : ce chantier, en pleine pandémie, a eu des « effets dévastateurs ».

Avec l’effet combiné d’autres travaux dans le secteur, « la circulation a tellement été perturbée que ça devient difficile de faire des livraisons, pendant que les restaurants sont fermés », se désole-t-il. « C’est presque devenu une blague. Surtout que le chantier a parfois été arrêté pendant plusieurs semaines. »

Travaux électriques

En tentant de trouver des informations sur ce chantier, La Presse a constaté qu’il ne relevait pas de l’arrondissement de Rosemont–La Petite-Patrie, ni de la ville-centre, mais de la Commission des services électriques de Montréal, responsable du réseau souterrain d’infrastructures électriques.

Les travaux, qui ont commencé à la fin de mai et devraient être terminés avant Noël, visent à reconstruire deux grosses structures situées sous les trottoirs de la rue Beaubien, explique le président de la commission, Serge Boileau.

« Ç’a été beaucoup plus difficile cette année d’effectuer les travaux de façon normale, notamment à cause de problèmes d’approvisionnement pour certains matériaux », indique M. Boileau.

Comme les ouvriers travaillent avec des câbles électriques « vivants » (où l’électricité circule), ils doivent parfois interrompre le chantier, quand la demande en électricité est très forte – par exemple, pendant les grosses chaleurs estivales, quand il y a beaucoup de climatisation. Il serait alors trop risqué pour les travailleurs de poursuivre les opérations.

Pas d’indemnisation

Normalement, quand des travaux de construction de conduites d’égout ou de distribution d’eau durent au moins six mois, les commerçants touchés sont admissibles à des mesures de soutien financier de la Ville de Montréal.

Mais dans ce cas-ci, comme il s’agit d’un chantier de la Commission des services électriques, aucun programme d’aide n’est offert aux gens d’affaires de la rue Beaubien.

Le tiers des chantiers majeurs prévus en 2021 à Montréal ont été reportés, afin d’offrir du répit à la population et aux commerçants, indique tout de même une porte-parole de la Ville, Marilyne Laroche Corbeil.