Outremont accordera ce mardi un permis de construction pour lancer les travaux de près d’une centaine de nouveaux logements sociaux sur un terrain vacant de l’avenue Manseau, dans le secteur du campus MIL, a appris La Presse.

Le projet « Coop MIL » sera construit sur un terrain vacant de l’ancienne gare de triage de l’arrondissement, qui fait actuellement l’objet d’une vaste revalorisation. Le bâtiment sera sur six étages. Il comprendra 91 logements sociaux. Un stationnement souterrain de 28 cases sera aménagé sous l’édifice, avec un espace « réservé pour l’autopartage ». Il est aussi prévu d’installer 105 unités de stationnement pour vélos, au sous-sol et à l’extérieur du bâtiment.

Si de grands logements sur deux étages seront construits avec « trois et quatre chambres », il sera aussi possible de louer des appartements de plus petite taille. Les prix des logements ne sont pas encore connus, mais ils seront abordables, promet le consortium d’organismes derrière le projet.

Ce dernier déplore par ailleurs que « plusieurs jeunes familles ont dû quitter l’arrondissement à contrecœur » dans les dernières années « parce qu’elles ne pouvaient plus assumer la hausse du coût des loyers ». Il promet que le bâtiment entrera « en dialogue » avec l’environnement immédiat, en rappelant l’héritage industriel et ferroviaire des lieux. Plusieurs aménagements extérieurs, dont des aires de jeux, des terrasses et des îlots de plantation, devraient aussi être intégrés autour du site.

IMAGE FOURNIE PAR PIVOT, COOPÉRATIVE D'ARCHITECTURE

Maquette d’aménagement préliminaire du projet, qui devrait totaliser 91 logements.

Changer les mentalités ?

C’est seulement le deuxième projet de logement social à voir le jour à Outremont. Le premier, dénommé le Suroît, doit entrer en phase de travaux sous peu. Il est situé à la limite du campus MIL. « Ce n’est pas la réputation qu’on a », avoue d’emblée Philipe Tomlinson, maire d’Outremont, pour qui l’arrivée de projets pareils permettra de changer la vision que les gens ont de son arrondissement.

On a besoin de briser le modèle unique des loyers à prix élevés. Le message, c’est qu’on n’est pas enclavés, qu’on ne reste pas pris dans notre vieille méthode. On veut vraiment changer les choses.

Philipe Tomlinson, maire d’Outremont

Son arrondissement affirme avoir deux autres projets de logement social « dans les cartons » à l’heure actuelle. Pour chacun d’entre eux, M. Tomlinson promet d’éliminer le coût de 25 000 $ par stationnement normalement imposé aux promoteurs immobiliers. « On met ça à zéro pour permettre aux coopératives d’y arriver », illustre le maire.

Malgré tout, l’élu reconnaît que le cadre bâti est déjà « bien implanté » dans plusieurs secteurs de l’arrondissement, ce qui pose des défis à la multiplication d’initiatives communautaires. « Ailleurs [qu’au campus MIL], je ne vois pas vraiment où on pourrait en rajouter », admet-il.

Embourgeoisement « vitesse grand V »

Au Front d’action populaire en réaménagement urbain (FRAPRU), la porte-parole Véronique Laflamme applaudit l’initiative, mais affirme que celle-ci est nettement insuffisante pour contrer l’effet d’embourgeoisement qui est justement engendré par l’arrivée du campus MIL.

Ce campus a accéléré à vitesse grand V la gentrification. Ça met beaucoup de pression à la hausse sur le coût des loyers, en particulier dans Parc-Extension. Il faut faire davantage et plus rapidement. Ça n’a pas d’allure que plus de logements sociaux ne soient pas déjà réalisés.

Véronique Laflamme, du FRAPRU

L’organisme presse Québec de financer davantage le programme AccèsLogis, afin de s’assurer que les projets de construction « n’attendront pas, alors que les besoins sont pressants ». Début octobre, Andrée Laforest, ministre des Affaires municipales et de l’Habitation, a soutenu que de 2800 à 4000 logements sociaux seraient construits en vertu de l’entente Ottawa-Québec sur le logement, conclue tout récemment après trois ans de négociations.

Selon les plus récentes données de Statistique Canada datant de 2016, plus de 21 % des ménages locataires d’Outremont consacrent plus de 50 % de leur revenu pour se loger.