Le président de la Chambre de commerce du Montréal métropolitain (CCMM) avait des messages à passer mardi.

Dans un entretien avec La Presse, Michel Leblanc est revenu sur les principales demandes de la Chambre en vue du prochain budget de Montréal. Puis, il a exhorté la STM à faire preuve de bonne foi dans ses discussions avec le copropriétaire des Galeries d’Anjou, menacé d’expropriation. Aussi, il n’a pas caché son exaspération face au peu d’empressement que le gouvernement provincial met à régler le dossier, par ailleurs stratégique pour la métropole, de l’agrandissement du Palais des congrès.

Retour sur une journée bien occupée.

Le mémoire de la CCMM présenté aux consultations prébudgétaires est costaud : réduction temporaire des taxes au centre-ville ; compression des dépenses de la Ville dans les domaines qui ne sont pas de ses champs de compétence comme le développement économique ; et suspension du controversé règlement sur la mixité en matière d’habitation.

« La clé de la solution pour la Ville, c’est une contribution spéciale importante de la part du provincial et du fédéral, la Ville ne peut pas y arriver toute seule, c’est certain. C’est maintenant que ça doit se décider et que ça doit se dire », soutient M. Leblanc, qui sympathise avec la mairesse qui doit préparer un budget en l’absence d’un signal clair sur l’aide qu’elle va recevoir.

La Ville qui compte principalement sur les revenus fonciers pour boucler son budget n’a pas la capacité d’absorber des dépenses additionnelles ni de combler le manque à gagner dans ses revenus autonomes, frappée qu’elle est de plein fouet par la pandémie.

Dans l’attente d’une aide, la Ville a néanmoins des cartes à jouer, dit M. Leblanc.

« Ça n’a aucun sens qu’ils aient à payer des taxes et des loyers comme si leurs activités étaient normales ; la valeur foncière ou la valeur des commerces est en forte diminution. La Ville peut donner l’exemple en baissant temporairement le taux de taxation des emplacements commerciaux au centre-ville. »

Sur la question des dépenses dans des champs de compétence relevant des gouvernements supérieurs, M. Leblanc demande à l’équipe Plante de résister à la tentation. « Ces dépenses sont faites pour des raisons très valables par la Ville, puisque les besoins sont là. La réalité c’est que ce sont les gouvernements supérieurs qui doivent eux-mêmes prendre ces responsabilités-là. »

En matière de développement économique, par exemple, le gouvernement du Québec transfère des sommes à la Ville à la condition d’un cofinancement. « Ce coinvestissement est souvent trop exigeant, forçant la Ville à mettre plus de ressources qu’elle devrait y mettre », critique-t-il.

Pour ce qui est du fameux règlement sur la mixité en matière de logement social, aussi appelé 20-20-20, la priorité, selon M. Leblanc, n’est pas d’accabler les promoteurs avec des exigences beaucoup trop lourdes, mais de mettre une pression maximale sur Québec et Ottawa pour que se conclut au plus vite une entente sur la question du logement.

« Partout au Canada, les autres provinces ont des ententes qui amène des financements très élevés pour du logement social et abordable et au Québec, on ne l’a pas. »

Ligne bleue : STM appelée à négocier de bonne foi

Dans un autre dossier, Michel Leblanc demande à la Société de transport de Montréal (STM) de discuter de bonne foi avec le promoteur Cadillac Fairview pour parvenir à une entente dans l’intérêt des Montréalais. « L’enjeu ici, c’est que les parties se rencontrent pour essayer de négocier un plan qui permettrait aux deux projets de se réaliser. La partie privée [Cadillac Fairview] n’a pas l’impression que la STM fait des gestes qu’elle doit faire pour trouver la solution », a confié à La Presse Michel Leblanc, président de la Chambre de commerce.

IMAGE TIRÉE DU SITE DE CADILLAC FAIRVIEW

Un rendu de la vision de Cadillac Fairview pour le développement autour de la future station de métro Anjou.

La STM veut exproprier le quart de la propriété des Galeries d’Anjou pour construire la station Anjou de la ligne bleue et un terminus d’autobus. De son côté, Cadillac, copropriétaire des Galeries d’Anjou avec la filiale immobilière de la Caisse de dépôt, entend profiter de l’arrivée du métro chez lui pour intégrer l’équipement de transport collectif à son projet de bâtir le centre-ville de l’est de Montréal au coût de 2,5 milliards, incluant 5000 logements.

Agrandissement du Palais des congrès

« On est très frustré de la lenteur de l’évolution du dossier du palais des congrès, laisse tomber M. Leblanc. On ne peut pas attirer ici des foires commerciales stratégiques pour nos activités économiques parce que les espaces d’exposition sont trop exigus. Ça fait des années qu’on reçoit des signaux positifs de tout le monde. Un moment donné, l’enjeu est de démarrer le projet. Le gouvernement fédéral est prêt à financer le recouvrement de l’autoroute, selon les informations que j’ai. Québec était prêt à envisager le projet sous les libéraux, c’était une promesse de campagne. La CAQ n’a pas dit qu’elle ne le ferait pas, mais là ça tarde », dénonce-t-il.