Jugé non prioritaire par les autorités de santé publique, l’entretien des rues, parcs et trottoirs a été négligé pendant des semaines. L’arrivée du beau temps et l’impatience des Montréalais forcent aujourd’hui la Ville à se refaire une beauté à la vitesse grand V.
Normalement, au printemps, la Ville entame une « séquence » pour préparer sa métropole à la saison chaude, dès le déneigement terminé. Il y a d’abord le nettoyage des rues, des trottoirs, puis des parcs.
« Mais cette année, la séquence a foutu le camp ! On fait tout en même temps », lance Jean-François Parenteau, responsable des services aux citoyens au comité exécutif de la Ville de Montréal.
Au lieu de commencer à nettoyer les rues dès le premier jour d’avril, la pandémie a forcé la Ville à revoir sa façon de faire. Avec la Direction de santé publique de Montréal, la décision a été prise de reporter le nettoyage. « Parce que ç’aurait été complexe de demander aux Montréalais de déplacer leur voiture, alors qu’ils étaient tous chez eux », précise M. Parenteau.
« Est-ce que la ville est plus sale qu’à l’habitude ? Oui, bien sûr, puisqu’on a perdu un mois et demi sur notre séquence, concède celui qui est également maire de l’arrondissement de Verdun. Mais depuis une semaine et demie, les cols bleus s’activent, et on commence à prendre le dessus. »
Les cols bleus courent partout !
Jean-François Parenteau, responsable des services aux citoyens au comité exécutif de la Ville de Montréal
Des dizaines d’employés de la Ville étaient au parc La Fontaine, mardi matin, pour tondre le gazon notamment, peindre les bancs publics et procéder à l’aménagement paysager. D’autres s’affairaient à l’entretien des terrains de tennis qui rouvrent ce mercredi.
La Ville a aussi ajouté des collectes des déchets dans les parcs, parce que « bien plus de monde que normalement y vont » et que les poubelles y étaient souvent pleines, ces dernières semaines.
Mais même si les employés municipaux mettent le paquet, le temps perdu ne pourra pas être rattrapé dans tous les secteurs, dont l’aménagement paysager. « Il y aura moins de fleurs cette année », précise par exemple M. Parenteau.
Première canicule et retour des jeux d’eau
Les Montréalais ont vécu le premier épisode de chaleur de la saison mardi avec un indice humidex frôlant le 40. Environnement Canada a d’ailleurs émis un avertissement de chaleur qui devrait se poursuivre jusqu’à jeudi.
Mardi, la Ville de Montréal a annoncé que des arrondissements ouvraient graduellement leurs jeux d’eau, principalement en raison des grandes chaleurs annoncées.
« La chaleur accablante prévue au cours des prochains jours et le contexte de pandémie dans lequel nous nous trouvons complexifient la situation pour les Montréalaises et les Montréalais à la recherche d’un peu de fraîcheur. Pour répondre à cette situation extraordinaire, les arrondissements ouvriront graduellement leurs jeux d’eau, à compter d’aujourd’hui », a annoncé la Ville.
Sur l’avenue Van Horne, au parc Raoul-Dandurand situé à côté du Collège Stanislas, dans Outremont, les jets d’eau de nouveau en fonction ont eu un pouvoir d’attraction instantané. Sur le chemin du retour de la garderie située non loin, la fille de Franz Fontaine, Anaïs, s’y est précipitée.
Je suis surpris qu’ils rouvrent les jeux d’eau. Je ne sais pas si c’est une bonne idée, si c’est trop tôt. Veux, veux pas, ce n’est pas évident de respecter le deux mètres.
Franz Fontaine
Les enfants d’Angélique Mered et de Delphine Lecoeur sont des amis de la garderie. Leurs retrouvailles inattendues, sous les jets d’eau par cette chaleur, les a rendus fous de joie.
« On allait au parc, on ne s’est jamais rendus », témoigne Delphine, dont les garçons Lucien et Augustin couraient en caleçons entre les jets, faute d’avoir apporté leur maillot. « Ça ne me stresse pas du tout. De toute façon, s’ils retournent à la garderie, ils sont en contact avec d’autres enfants », estime Angélique.
Plus à l’est, l’avertissement de chaleur n’a pas empêché des Montréalais de profiter du soleil, dont Andréa et Dany, deux jeunes dans la vingtaine, qui profitaient du parc La Fontaine pour la première fois.
« Ça doit être plus joli lorsque les étangs ne sont pas vides », lance Dany, en maillot de bain. Les deux bassins du parc, où les canards pataugent normalement par dizaines, sont effectivement vides depuis quelques semaines. La Ville assure qu’ils seront bientôt remplis.
Lorsque la saison de la baignade commencera, les deux jeunes ne craindront pas de mouiller leur gros orteil dans les piscines publiques. « Si on nous dit que c’est sécuritaire et qu’on peut garder nos distances, je ne vois pas de problème », avance Andréa, qui vit près du parc Laurier.
À quelques kilomètres du parc La Fontaine, des travailleurs nettoyaient la piscine Baldwin, mardi, pour qu’elle puisse ouvrir dès que le gouvernement provincial donnera son feu vert. « Mais il y aura des règles à suivre, entre autres aux vestiaires, et on ne pourra pas accueillir autant de monde dans chaque piscine », affirme Jean-François Parenteau.
Le maire de Verdun a aussi partagé sa crainte de « ne pas avoir assez de sauveteurs », notamment en raison de la Prestation canadienne d’urgence qui pourrait, selon lui, inciter d’anciens sauveteurs à ne pas travailler cette saison.
Montréal explore différents scénarios pour permettre à la population de se rafraîchir. « On regarde entre autres pour mettre des brumisateurs sur certaines artères. » La Ville a aussi annoncé qu’elle se prépare « à ouvrir exceptionnellement certaines de ses infrastructures ».