La Grande roue de Montréal, qui a fait les manchettes pour les mauvaises raisons depuis plus d’un an, notamment pour les liens d’affaires de ses gestionnaires avec un individu lié à la mafia montréalaise, vient de passer sous le contrôle total d’une entreprise des Pays-Bas.

Par voie de communiqué, le président directeur-général de Sandibe Global B.V., Henk Addink, qui possédait déjà la majeure partie de l’attraction du Vieux-Port, vient d’annoncer qu’il a acheté la part minoritaire que détenait l’homme d’affaires Niels Jorgensen, et qu’il prend ainsi le contrôle et la propriété exclusive de « Les Holdings La grande roue de Montréal ».

La transaction, qui se serait négociée au cours des derniers mois, aurait été finalisée lundi matin. En début d’après-midi, des représentants du nouveau propriétaire se sont rendus à l’attraction du Vieux-Port de Montréal et ont avisé les employés que la Grande roue serait fermée lundi, et pour les deux prochains jours.

Selon nos informations, Sandibe Global B.V. aurait entamé une réflexion pour prendre le contrôle total de la Grande roue après que les gestionnaires eurent été convoqués devant la Régie des alcools, des courses et des jeux pour défendre leur demande d’obtenir des permis d’alcool dans l’attraction.

Mafia et extorsion alléguée

Des policiers du SPVM ont témoigné devant les juges administratifs de la régie durant deux jours et notamment expliqué que le responsable de la concession alimentaire de la Grande roue, Steve Vogl, était lié à la mafia montréalaise, avait la capacité de s’assoir à la même table de le défunt parrain Vito Rizzuto et avait des antécédents criminels en matière de stupéfiants.

Jeff Jorgensen, fils de Niels Jorgensen, s’est défendu en affirmant que Steve Vogl n’était pas l’un des propriétaires de la Grande roue et qu’il avait intention de continuer à recourir à ses services.

Après quelques semaines de délibération, les juges administratifs ont refusé de délivrer aux propriétaires les permis demandés.

Mais la goutte qui aurait fait déborder le vase sont des accusations portées contre Jeff Jorgensen à la fin de l’été dernier.

M. Jorgensen est accusé d’avoir voulu extorquer un homme d’affaires d’origine tunisienne. Il est soupçonné d’avoir envoyé des courriels à ce dernier en le menaçant de rendre public des images compromettantes s’il ne lui versait pas une somme de 2,5 m$ en crypto-monnaie, et de s’être même rendu à Paris pour rencontrer sa victime.

Grande roue 2.0

Le bail de la Grande roue dans le Vieux-Port de Montréal vient à échéance au printemps prochain.

« L’objectif des nouveaux propriétaires, par cette acquisition, est de repartir sur de nouvelles bases, remettre l’attraction sur la bonne voie et la rendre rentable », a confié à La Presse une source proche du nouvel acquéreur et qui a requis l’anonymat.

« De tous les sites sur lesquels nous possédons des grandes roues, le Vieux-Port de Montréal est le plus intéressant pour nous », a-t-elle ajouté.

Le communiqué indique que M. Addink sera directeur général de la Grande roue de Montréal jusqu’à ce qu’il trouve une nouvelle équipe de direction locale.

On ignore si les travailleurs retrouveront tous leur emploi une fois que le nouveau propriétaire sera bien en selle.

Selon nos informations, les intentions du nouveau propriétaire sont de fermer la concession alimentaire actuelle et éventuellement d’en ouvrir une autre, en faisant affaire cette fois-ci avec une bannière reconnue.

Éventuellement, les nouveaux propriétaires pourraient faire une nouvelle demande de permis d’alcool à la régie.

La Grande roue, qui compte 42 cabines, a été érigée dans le Vieux-Port à l’occasion du 375e anniversaire de Montréal et a ouvert ses portes au public en septembre 2017. Elle rouvrira jeudi matin, à 10 h, selon l’horaire habituel.

La société Sandibe Global B.V., dont le siège social est à Rotterdam aux Pays-Bas, est une société de placements privée qui investit dans des attractions à travers le monde. Elle possède cinq autres grandes roues, au Mexique et en Pologne, et d’autres manèges et attractions.

Pour joindre Daniel Renaud, composez-le (514) 285-7000, poste 4918, écrivez à
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