Valérie Plante n’entend faire aucun compromis quant à l’utilisation des fonds fédéraux pour financer le projet de tramway à Québec. La réalisation de ce dernier ne doit pas se faire au détriment des projets de transport collectif de la région métropolitaine, de leur financement, ni du calendrier de réalisation, a prévenu la mairesse de Montréal.

À la sortie de la réunion hebdomadaire du comité exécutif, Valérie Plante a d’abord affirmé être «une joueuse d’équipe» et elle s’est dite prête à trouver une solution afin de financer le tramway du maire de Québec, Régis Labeaume. «Ceci étant dit, il ne faut pas que ça se fasse au détriment des Montréalais parce qu’en ce moment, je sais quoi faire avec les 800 millions. J’ai assez de projets de transport collectif pour les utiliser entièrement», a-t-elle déclaré.

Obtenir «un très bon deal» avec le gouvernement de François Legault, est la condition sine qua non de Mme Plante. «Il n’y aura pas de compromis de ma part. Le programme fédéral comporte des critères qui correspondent à la réalité montréalaise et c’est tout à fait légitime puisque nous sommes la métropole du Québec», a soutenu Mme Plante en ajoutant: «Si Québec est prêt à nous faire une offre intéressante, on va être ouvert. Mais pour l’instant, il ne faut pas déshabiller Jean pour habiller Jacques.»

Le gouvernement du Canada a mis à la disposition du monde municipal une enveloppe de 5,2 milliards destiné au transport collectif. La distribution de ces fonds se fait en fonction de normes strictes dont l’achalandage des transports en commun. Ces critères correspondent aux besoins de Montréal, souligne Mme Plante qui rappelle également que la moitié de la population du Québec se trouve dans la grande région métropolitaine.

IMAGE FOURNIE PAR LA VILLE DE QUÉBEC

Le projet de tramway à Québec nécessite des investissements totalisant 3 milliards.

Or, le gouvernement Legault veut convaincre l’administration montréalaise de faire preuve de souplesse. Il s’agit de permettre qu’Ottawa puise 800 millions dans ce fonds, portant ainsi à 1,2 milliard la participation fédérale au projet du maire Labeaume. Le projet de tramway à Québec nécessite des investissements totalisant 3 milliards. Le gouvernement Legault miserait sur une annonce dès la mi-juin dans le contexte où le gouvernement fédéral sera plongé dans les élections générales l’automne prochain.

«Les gens de Montréal ne vont rien perdre», a promis mercredi à Québec le premier ministre François Legault. Ce dernier, qui a parlé avec la mairesse Plante en matinée, affirme qu'il y a «des projets qui sont plus proches du déboursé que d'autres» et que le gouvernement ne veut tout simplement pas «laisser de l'argent sur la table». 

«Ce qu'on veut s'assurer, c'est d'utiliser le 5,2 milliards le plus rapidement possible», a dit M. Legault.

Mais selon la mairesse de Montréal, il n’y a aucune entente à portée de main comme le laissait entendre hier le gouvernement Legault. «On n’est pas là du tout, du tout», a-t-elle dit en éclatant de son rire caractéristique. «Si, et je dis bien si, il y avait une entente avec le gouvernement du Québec, il faudra que ce soit une offre qui n’a aucun impact sur les projets, sur les calendriers de réalisation, ni le financement. Ça ne se fera pas à coût nul», a-t-elle affirmé.

«Si le gouvernement est sérieux et souhaite nous faire une proposition intéressante pour les Montréalais, je vais l’étudier avec attention», a ajouté la mairesse qui a rappelé son devoir à l’égard des Montréalais: «Je dois à ma population de la soutenir en matière de transport collectif. Les besoins sont immenses.»

De son côté, le chef de l’opposition officielle à l’hôtel de ville, Lionel Perez, se dit inquiet de la contradiction entre ce que dit le gouvernement du Québec et l’administration Plante. M. Perez craint que les Montréalais perdent 800 millions d’investissement dans le transport collectif. «Il y a de l’inconnu. De plus en plus, la mairesse semble négocier sur la place publique pour cet enjeu-là. Elle ne se gêne pas pour envoyer des flèches au gouvernement. Je ne pense pas que ce soit une façon de traiter son gouvernement dont on a besoin pour différents dossiers. Le temps nous dira ce qu’elle aura dû abandonner», a commenté M. Perez.

- Avec la collaboration d'Hugo Pilon-Larose, La Presse