« Très préoccupée » par le projet de Loi sur la laïcité, la mairesse Valérie Plante estime que le gouvernement du Québec « s'engage sur une pente glissante en contournant les Chartes des droits et libertés ». Saluant certains assouplissements introduits, elle demande à Québec de laisser au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) de décider lui-même du port des signes religieux chez ses agents.

La mairesse de Montréal a réagi cet après-midi au dépôt du projet de Loi sur la laïcité. Elle a émis plusieurs réserves, estimant qu'il nuirait à l'intégration des immigrants en limitant leur capacité à décrocher certains emplois. « Pour moi, l'intégration des nouveaux arrivants passe d'abord et avant par l'accès à un emploi. Avoir un emploi, c'est plus qu'avoir un salaire, c'est une façon de se connecter aux valeurs et à la langue de la communauté d'accueil », a-t-elle dit.

Dans son allocution, elle s'est dite « très préoccupée par le fait que le gouvernement s'engage sur cette pente glissante et contourne certains principes fondamentaux des Chartes québécoise et canadienne des droits et libertés ». La mairesse estime que le port des signes religieux par certains employés ne remet pas en question la laïcité des institutions publiques.

Valérie Plante s'est dite déçue de voir Québec passer outre l'autonomie des Villes avec son projet de Loi. Elle s'est toutefois réjouie que les assouplissements introduits limitent l'impact sur les 28  000 employés de la Ville. « Le projet de Loi actuel offre plus de latitude, est plus connecté sur nos orientations, à savoir que les Montréalais peuvent recevoir les services peu importe ce qu'ils portent. De la même manière, des employés pourront continuer à travailler, peu importe ce qu'ils portent. »

La mairesse déplore toutefois que les règles affectent le SPVM. Elle aurait préféré que celui-ci puisse décider lui-même du port des signes religieux chez ses agents. Pour elle, il importe qu'un corps policier soit « représentatif de sa population. Plusieurs corps ont intégré les signes religieux à leur uniforme et cela n'atteint en rien les services rendus ou la sécurité des policiers et des gens qu'ils servent », a-t-elle plaidé.

Malgré ses réserves, Valérie Plante a salué certains assouplissements, notamment sur la question de l'offre de services à visage découvert. Elle a par ailleurs salué la décision de retirer le crucifix du Salon bleu à l'Assemblée nationale, à l'instar de l'hôtel de ville.

Surtout, la mairesse espère que le débat sur la laïcité sera posé. « Je lance un appel au calme. Ce n'est pas par des insultes sur les réseaux sociaux que nous ferons avancer ce débat. »