Au moment où des promoteurs du retour des Expos tiennent mordicus à construire un stade de baseball au centre-ville, le Stade olympique continue de suivre une coûteuse cure de rajeunissement, dans une relative discrétion et sans grand débat public.

Jeudi, le Plan québécois des immobilisations (PQI) 2019-2029, déposé en même temps que le budget, nous a appris que la rénovation de l'intérieur du Stade olympique coûterait au moins 150 millions de dollars. C'est ce projet que le patron de la Régie des installations olympiques (RIO), Michel Labrecque, appelle l'« expérience client améliorée ».

« Ces travaux viseront essentiellement à remplacer des composantes qui permettront d'accroître l'expérience client tels que les sièges, l'équipement de télédiffusion ainsi que les systèmes d'éclairage et de sonorisation de l'enceinte principale », est-il écrit dans le PQI.

Le Stade cherche à accueillir une poignée de matchs de la Coupe du monde de soccer 2026, qui se déroulera dans les trois pays de l'Amérique du Nord.

Le déficit du maintien d'actifs (DMA) du complexe olympique est passé de 306 à 451 millions en un an, malgré d'importants travaux ces deux dernières années qui auraient dû normalement abaisser le solde résiduel. Le DMA correspond à l'estimation à une date donnée de la facture associée à la remise à niveau des infrastructures, que ce soit une école primaire ou un stade.

« L'augmentation du DMA découle des études réalisées en cours d'année visant à déterminer le niveau de désuétude des principaux équipements et des installations à l'intérieur de l'enceinte du stade ainsi que des travaux requis », explique le Conseil du trésor.

Nouveau toit en 2024

Dans son PQI 2019-2029, le gouvernement ne précise toujours pas le coût du remplacement de la toile. Le remplacement du toit du stade y apparaît toujours en phase de planification. « La réception définitive des travaux liés au remplacement de la toiture est prévue pour 2024 », y précise-t-on.

Un reportage de Radio-Canada a fait le point sur la saga du toit, le 6 février dernier. Il y était question du report de la livraison du toit de deux ans, 2022 à 2024. On y a appris que le nombre de microdéchirures dans la toiture, relativement stables de 2013 à 2017, avait bondi de 7910 à 11 166 en un an.

Le montant de 200 à 250 millions pour un toit souple en partie démontable est toujours véhiculé par la RIO, même s'il date de deux ans. Or, les coûts de construction ont commencé à grimper à Montréal depuis l'an dernier, a indiqué la firme d'experts immobiliers Altus dans un évènement tenu en mars.

Une facture de 1 milliard

La rénovation du complexe olympique dans son ensemble est un chantier à la facture pharaonique de 1 milliard qui se fait par étapes, en passant presque inaperçue. Un article de La Presse, il y a un an, détaillait la liste des travaux, devant s'échelonner de 2017 à 2023. Le dernier PQI vient confirmer la facture de 1 milliard, mais en reportant l'échéance jusqu'en 2024.

Comment arrive-t-on à 1 milliard ? Les travaux déjà accomplis (tour pour accueillir les bureaux de Desjardins, centrale thermique, stationnements, dalles), qui représentent environ 250 millions depuis 2017, le chantier du Stade et autres éléments du complexe (450 millions) et le toit à venir (200 à 300 millions).

Il n'y a pas eu de débat public sur la pertinence de rénover le complexe olympique en toute connaissance des coûts. En 2012, le Comité-conseil sur l'avenir du Parc olympique, présidé par Lise Bissonnette, qui avait pour mandat de proposer une « vision de développement » pour l'ensemble du Parc olympique, a recommandé la remise à niveau rapide de l'ensemble.

Son rapport règle la question du coût de sa remise à niveau en quelques mots. « En l'absence de renseignements sur les coûts de remplacement de la toiture, il est impossible de préciser la somme totale de ces investissements, mais il est certain qu'il s'agira à terme de quelques centaines de millions de dollars. »

En 2017, la firme Docomomo Québec a publié une étude sur la valeur patrimoniale du Parc olympique dans laquelle ses auteurs rappellent qu'une hypothétique destruction du stade olympique et du mât a été étudiée en 2003-2004, puis l'étude a été réactualisée en 2009, sans que cette approche soit retenue.

Les réinvestissements au Parc olympique, modestes au départ, ont commencé dans la décennie 2000, indique Docomomo. Ils se sont accélérés avec l'aménagement de l'Institut national du sport, de 2010 à 2014, et la réfection du complexe sportif et des piscines, de 2006 à 2015.

Contactée par La Presse, la RIO nous a renvoyé aux documents du PQI.