Choquée par une récente interpellation musclée d'un jeune homme noir dans le métro, une coalition d'élus et de groupes communautaires réclame une enquête indépendante. Bien que la Société de transport de Montréal (STM) estime que ses inspecteurs ont respecté les règles, la mairesse se dit prête à une révision de l'incident et des protocoles d'intervention des agents.

Une vidéo filmée le 7 mars à la station Villa-Maria montrant l'interpellation du jeune homme a été vue plus d'une centaine de milliers de fois en ligne. Les images ne montrent pas le début de l'intervention, mais on peut y voir deux inspecteurs de la STM tenter de maîtriser un individu, qui finit par réussir à s'enfuir.

À un moment, les agents utilisent leurs bâtons télescopiques pour frapper le jeune homme aux jambes alors que celui-ci leur demande d'arrêter. Au sol sur le quai, celui-ci recule, se rapprochant dangereusement d'un métro qui arrivait au moment même.

La coalition estime que cette vidéo démontre un usage abusif de la force puisque le jeune homme a été frappé à cinq reprises après avoir dit qu'il cessait de résister. Tiffany Callender, présidente de l'Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges, estime qu'il s'agit d'un usage de force disproportionnée pour quelqu'un soupçonné de ne pas avoir payé son billet de métro. « Pour 3,50 $... », souligne-t-elle.

À l'issue de son enquête interne, la STM dit avoir déterminé que les deux agents n'ont pas fait un usage excessif de la force. « C'est clair que ce n'est jamais agréable de voir cela, mais notre responsabilité est de nous assurer que les normes et les protocoles ont été respectés et ça a été le cas », a indiqué le président de la STM, Philippe Schnobb.

Le transporteur ajoute avoir mené une enquête interne en se basant sur les images captées par les caméras de sécurité à bord du métro. Celle-ci a déterminé que l'incident a débuté à bord d'un train en direction de côte-Vertu, près de la station Vendôme. Les agents ont demandé à un jeune homme de cesser de jouer au soccer dans le wagon avec son ballon de basketball, ce qu'il a fait.

Les patrouilleurs ont alors demandé à l'individu s'il avait en sa possession son titre de transport, ce qu'il n'avait pas. Après avoir convenu avec lui de sortir à la station de métro Snowdon pour lui remettre un constat d'infraction, le jeune homme a plutôt tenté de prendre la fuite à l'ouverture des portes à la station Villa-Maria. La STM indique que l'un de ses agents a alors saisi l'individu par la manche et que c'est à ce moment que l'intervention a dégénéré.

La STM juge néanmoins que ses agents ont suivi les protocoles enseignés à l'Institut national de police, où ils suivent une formation de 14 semaines.

Bien qu'il ait réussi à fuir, le jeune homme aurait communiqué avec la STM pour présenter ses excuses. « Cette personne a communiqué avec nous pour s'excuser, elle ne voulait pas créer tout ce brouhaha », a précisé M. Schnobb.

Loin d'être convaincue par ces explications, la coalition estime que seule une enquête indépendante pourrait véritablement faire la lumière sur l'incident. L'élu indépendant Marvin Rotrand estime que ces conclusions de cette enquête interne « renforce l'image négative que la STM a avec ses usagers », a-t-il dit.

L'opposition à l'hôtel de ville estime que cet incident illustre le besoin des caméras portatives, idée rejetée par l'administration Plante récemment. « Si on avait eu des caméras portables, on aurait eu l'entièreté de l'incident », a indiqué Lionel Perez, chef d'Ensemble Montréal.

Valérie Plante s'est dite prête à ce qu'une enquête indépendante se penche sur cet incident, mais aussi tous ceux touchant la sécurité dans le métro. « On est ouverts à revoir les processus et les améliorer. Il faut définir le meilleur modèle pour Montréal », a-t-elle dit.

La coalition est formée de l'Association de la communauté noire de Côte-des-Neiges, du Centre de recherche-action sur les relations raciales (CRARR), de l'Alliance des communautés de l'Asie du Sud, de la Ligue des Noirs du Québec et d'élus d'opposition à l'hôtel de ville.