Une demande d'autorisation d'action collective a été déposée en Cour supérieure du Québec pour contester les travaux entourant le Réseau express métropolitain (REM), qui perturbent les services de trains qui lient Deux-Montagnes et Mascouche à Montréal.

La demande a été intentée jeudi au nom d'une résidante de Laval, Magali Barré, qui est affectée par les mesures temporaires mises en place pendant la construction du REM.

Elle oppose Mme Barré à quatre défendeurs : les organismes CDPQ Infra, Exo et l'Autorité régionale de transport métropolitain, ainsi que la procureure générale du Québec.

Si elle est autorisée par la cour, l'action collective se ferait au nom de tous les habitants du secteur touchés par l'interruption des services de train de banlieue de Deux-Montagnes et Mascouche.

Pendant la construction du REM, les services de train de ces secteurs seront interrompus partiellement ou totalement pendant plusieurs années en raison des travaux dans le tunnel du Mont-Royal. Pour se déplacer pendant cette période, les citoyens devront prendre l'autobus et le métro.

Les avocats Gérard Samet, Gabrielle Azran et Agathe Basilio - Parra d'Andert, qui représentent Mme Barré, plaident qu'il s'agit d'une « prise en otage » des résidants ce secteur.

Selon eux, les mesures temporaires prévues pendant les travaux du REM vont au moins doubler le temps de transport des gens qui travaillent dans la métropole, entraînant un « inconvénient et un préjudice incontestables », peut-on lire dans le document transmis à la cour.

« Ces gens n'auront plus le même temps pour la conciliation famille-travail, n'auront plus le même temps pour être sûrs d'arriver à temps pour le travail, n'auront plus le même temps pour s'occuper de leurs enfants. Toute une vie est complètement remise en cause », a plaidé Me Samet en entrevue.

Dans le cas de Magali Barré, elle et son conjoint ont acheté leur maison dans le quartier Sainte-Dorothée en raison de la proximité du chemin de fer. Et depuis leur établissement en 2002, ils ont eu deux enfants, ce qui rallonge leur emploi du temps le matin et le soir étant donné qu'ils doivent aller les reconduire à la garderie.

Selon la demande d'action collective, la maison du couple a depuis perdu de la valeur et Mme Barré envisage de quitter son emploi pour pouvoir s'occuper de ses deux filles.

« Cette situation est incontestablement à l'origine d'un inconvénient intolérable et préjudiciel, attentatoire à la liberté, la sécurité et la vie, pour la demanderesse, sa famille et les membres du groupe visé », est-il écrit dans le document.

La demande d'action collective s'attaque donc aux conséquences de la construction du REM, et non au projet lui-même, a expliqué Me Samet.

« On considère que les mesures d'accommodement sont tardives, déraisonnables et surtout insuffisantes », a-t-il soutenu.

« Est-ce que véritablement on a pris toutes les mesures nécessaires pour éviter ce genre de fermeture ? Est-ce qu'on a pris vraiment tous les moyens nécessaires en matériel, en aménagement de routes pour qu'on puisse donner un service d'un niveau suffisant pour que ces gens ne perdent pas tout ? »

Il faudra probablement sept à dix mois avant que les avocats de Mme Barré ne puissent comparaître devant un juge dans cette affaire, a estimé Me Samet.

« Et puis il n'est pas impossible qu'il y ait des contacts qui soient pris avec les avocats de la partie adverse qui vont nous dire : "Eh bien, peut-être qu'on peut trouver une solution pour améliorer le sort de vos clients" », a-t-il indiqué.

« On est prêts à tout écouter. »

La CDPQ Infra, responsable du projet du REM, a préféré ne pas commenter l'affaire.

« Puisqu'il s'agit d'un recours judiciarisé, il n'est pas possible de commenter la présente démarche. Nous en prenons bien entendu acte », a indiqué le porte-parole Jean-Vincent Lacroix dans un courriel.