Depuis près d'un an, cinq conseillers municipaux de Laval ne décolèrent pas à l'égard de leur ancien chef, le maire Marc Demers. Hier, ils sont revenus à la charge pour rappeler à la population que l'homme qui dirige l'hôtel de ville a « truqué » les résultats d'un vote au sein de son propre parti politique.

C'est dans le cabinet de l'avocate Lina Simeone que David De Cotis, Michel Poissant, Isabella Tassoni et Paolo Galati (Daniel Hébert était absent) ont rendu publique la déclaration sous serment qu'ils ont signée avec cinq autres élus le 30 avril 2018. On y explique que M. Demers a forcé la reprise d'un vote dont le résultat ne lui plaisait pas et qu'il a, lui ou ceux qui étaient avec lui derrière des portes closes, « truqué le résultat ».

Les faits étaient déjà connus ; La Presse les a révélés en septembre dernier, déclaration sous serment à l'appui. Les gestes de M. Demers ont mené à une crise politique importante l'été dernier à Laval. Pendant deux mois, le maire a été minoritaire au conseil municipal. Il a toutefois convaincu cinq dissidents de faire marche arrière, retrouvant ainsi les pleins pouvoirs.

M. De Cotis et ses collègues ont montré du doigt leurs anciens frères d'armes, leur manque de « colonne vertébrale » et leur intégrité « élastique ». « Pour eux, l'argent parle plus fort que leurs convictions. Et c'est la seule raison [pour laquelle] ils sont retournés avec Marc Demers », a critiqué M. De Cotis.

La Presse a tenté de joindre les cinq élus qui ont signé la déclaration sous serment et qui sont toutefois rentrés dans le rang. Seule Sandra El-Helou a rappelé pour dire que, selon elle, « c'est un dossier classé ».

Un « bulldozer »

La sortie médiatique des dissidents a vraisemblablement servi de prétexte pour écorcher l'administration Demers. 

Outre ce qu'ils estiment être des problèmes éthiques pour lesquels M. Demers a toujours refusé de s'excuser, les élus dissidents jugent que les services à la population comme le déneigement sont « une catastrophe », que le maire a perdu le contrôle financier des grands projets (centre aquatique, centre animalier et grande bibliothèque), et que son style de gestion est toujours aussi autoritaire. Lorsqu'il est question de dossiers importants (la réforme de la charte de la Ville, par exemple), le maire contourne l'esprit démocratique des règles municipales, estime Michel Poissant. « Il n'y a aucune discussion préalable sur les points névralgiques présentés au conseil municipal. C'est le bulldozer. Est-ce qu'il a le droit de faire ça ? Légalement, oui. Est-ce correct moralement ? Pas sûr », laisse tomber M. Poissant.

À ses côtés, Isabella Tassoni a réitéré sa « profonde déception » à l'égard de Marc Demers. « Je ne suis pas entrée en politique pour l'argent ou pour un statut glamour. Je fais ça pour aider les gens. Point », a dit Mme Tassoni en martelant que ce qu'a fait Marc Demers est inacceptable à ses yeux.