Une douzaine de cyclistes et quelques piétons ont enjambé les panneaux d'interdiction du pont Jacques-Cartier, en matinée, pour traverser du nord au sud la piste et le trottoir fermés durant l'hiver. Des voitures de patrouille de la Sûreté du Québec (SQ) ont eu tôt fait de les escorter en retranchant une voie de circulation sur le pont. Les manifestants ont ensuite été interceptés par des agents pour non-respect du Code de la route. Ils recevront un constat d'infraction de 48 $ par la poste.

L'Association des piétons et cyclistes du pont Jacques-Cartier avait donné rendez-vous à ses membres ce matin pour mettre de la pression sur la société d'État, Ponts Jacques Cartier et Champlain Incorporée (PJCCI), afin de lever l'interdiction de marcher ou de rouler durant la période hivernale. Mike Muchnik, porte-parole de l'Association, a rappelé que ça fait 25 ans que des usagers réclament le droit de traverser autrement qu'à bord d'un véhicule.

« On commence à en avoir ras-le-bol, dit-il. Le fédéral a mis sur pied un comité consultatif, mais ce n'est pas vraiment consultatif, c'est informatif. En ce moment, 85 % de la chaussée est sèche. L'argumentaire sécuritaire, que c'est dangereux, ne tient pas la route. Le fédéral a tout simplement peur des poursuites civiles des usagers. »

Comme d'autres cyclistes, M. Muchnik admet qu'il a traversé une bonne centaine de fois le pont Jacques-Cartier en « hors-la-loi ». De la région de Valleyfield à Québec, il n'existe aucun lien piéton ou cyclable pour traverser les deux rives, plaide-t-il. Et les vélos sont interdits à bord de la station de métro Longueuil aux heures de pointe.

Selon Daniel Lambert, porte-parole de la Coalition Vélo Montréal, environ 4000 cyclistes et piétons traversent le pont Jacques-Cartier durant la saison estivale. Ce chiffre est appelé à grimper avec les incitatifs en environnement, estime-t-il..

« L'interdiction en hiver n'a pas sa raison d'être avec les changements climatiques, sachant que les voitures sont responsables d'une grande partie des gaz à effet de serre. L'an dernier, il y a eu des études pour voir comment la piste peut être déneigée. Mais, rien de concret, aucun projet pilote. Les gaz à effet de serre sont une priorité de la ministre [de l'Environnement] Catherine McKenna. Il est temps d'agir. »

À la suite d'un projet-pilote d'entretien de la piste multifonctionelle, en 2017-2018, la PJCCI en était venue à la conclusion « qu'aucune solution viable et sécuritaire » ne permettait « d'assurer la circulation » aux cyclistes durant l'hiver. La société a assuré qu'elle continuerait de chercher des solutions.

Lors d'essais pilote, la société fédérale affirme avoir testé les déglaçants organiques, comme l'extrait de betterave, et les copeaux de bois, les déglaçants chimiques (sels), les méthodes déneigement conventionnelles (mécaniques), en plus des tapis ou membranes chauffantes.