Vous êtes de ceux qui détestent l'hiver ? Qui pestent contre le froid, les rues mal déneigées, les trottoirs glacés ? À plus forte raison après la semaine que nous venons de traverser ?

Le Laboratoire de l'hiver, nouvellement créé, a pour mission de vous faire changer d'idée.

Comment ? En proposant une série de mesures qui rendraient la vie hivernale en ville plus agréable : doter les parcs d'équipements utilisables 12 mois sur 12, jouer avec les microclimats, réduire la sloche, créer des espaces publics intérieurs, aménager des terrasses et des placotoirs quatre saisons, limiter les corridors de vent...

Cette initiative est le fruit du travail de trois organismes qui s'intéressent à la qualité de vie urbaine : Vivre en ville, La Pépinière et Rues principales. Elle a reçu un appui enthousiaste de la mairesse Valérie Plante lors de son lancement, jeudi, à la Maison du développement durable.

« Montréal est en retard par rapport à d'autres villes dans sa façon de composer avec l'hiver », dit Jérôme Glad, cofondateur de La Pépinière qui a créé le Village au Pied-du-Courant, les Jardineries du stade et la Petite Floride, entre autres projets.

L'hiver montréalais est particulièrement musclé et se compare à celui de Moscou. Il est froid (148 jours de gel), très enneigé (210 cm) et marqué de nombreux redoux. L'alternance de tempêtes de neige, de pluie et de verglas, comme le cocktail qu'on a connu cette semaine, fait partie du paysage hivernal de la métropole.

« On met beaucoup d'argent dans des événements qui sont de plus en plus incertains à cause des changements climatiques. On souhaite des améliorations dans l'aménagement hivernal au quotidien », ajoute Olivier Legault, conseiller en aménagement du territoire et urbanisme chez Vivre en ville. Voici quelques idées.

Les microclimats

Plusieurs études constatent que l'usage récréatif des espaces publics extérieurs baisse quand la température descend sous 10 °C. Pour adapter la ville à l'hiver, le Laboratoire propose d'identifier et de créer les microclimats qui présentent un plus grand potentiel de confort, en atténuant les impacts du facteur éolien ou en exploitant mieux les effets réchauffants des rayons de soleil. « On a remarqué que la cabane de construction installée au square Phillips pour expliquer le projet de réfection de la rue Sainte-Catherine capte tout le soleil en fin d'après-midi, mentionne Olivier Legault, à titre d'exemple. On peut penser que ce serait un bon endroit pour faire une terrasse printanière avec un petit café. »

Les ruelles blanches

Montréal possède 400 ruelles vertes, associées au jeu libre. Pourquoi ne pas en faire des blanches ? L'hiver, ces petites artères qui donnent sur les cours arrière sont souvent ensoleillées et la neige, protégée des voies de circulation, est belle et blanche. Le Laboratoire de l'hiver suggère de les financer selon un modèle similaire aux ruelles vertes, de permettre qu'on y fasse des feux et qu'on y installe des abris, gérés par les voisins, pour se protéger du froid. 

Les rues piétonnes

Autre idée intéressante : les rues piétonnes. Au lieu de les rouvrir à la circulation, à la fin de l'été, certaines d'entre elles pourraient conserver leur vocation piétonne afin de créer un lieu hivernal de quartier où les gens pourraient se rassembler, glisser, fabriquer des bonshommes de neige ou jouer au hockey. Cela aurait l'avantage de diminuer les superficies à déneiger. On pourrait aussi piétonniser de petites rues commerciales 12 mois sur 12.

L'exemple Luleå

Edmonton a un bureau de l'hiver. Winnipeg a un sentier de patinage géant sur deux rivières. Québec a un carnaval. Et Montréal a Igloofest. Quels sont les exemples inspirants ailleurs dans le monde ? Le Laboratoire cite le cas de Luleå, ville suédoise de 45 000 habitants, située près du cercle polaire arctique, où l'hiver est comparable à celui de Montréal. Son centre-ville est doté d'un réseau d'espaces publics qui s'articule autour d'une rue commerciale piétonne bordée par un parc et une place. Un parcours illuminé mène à une forêt et à un sentier de glace de 14 km. De la neige au centre de la rue commerciale permet de circuler avec un traîneau, et les trottoirs sont chauffés. Bien sûr, Luleå n'est pas Montréal, mais pourrait servir de modèle pour créer un réseau dans un quartier.