Sous tutelle du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) national depuis 20 mois, les cols bleus de Montréal semblent bouder la refonte de leurs statuts et règlements. Jusqu'à maintenant, ce sont environ 200 membres sur les quelque 6500 que compte le Syndicat des cols bleus regroupés de Montréal (section locale 301) qui ont participé aux séances de l'assemblée générale leur promettant un nouvel avenir.

Pour le SCFP, cette faible participation est jugée normale puisque beaucoup de cols bleus sont affectés au déneigement des rues de Montréal à la suite des averses des derniers jours. De plus, on souligne que le quorum est d'ores et déjà atteint puisqu'il se situe à 150 membres.

Dans les coulisses du SCFP, on démontre une certaine irritation face à la situation. On reconnaît que la tournée de l'équipe de tutelle dans les clos de voirie à travers l'île afin de mobiliser les troupes, au cours des derniers mois, ne donne pas les résultats escomptés.

Malgré tout, la centrale syndicale dit s'attendre à une « forte participation » à la dernière séance qui clôturera l'assemblée générale, le samedi 2 février. Elle rappelle d'ailleurs que c'est l'occasion pour les syndiqués de « ne pas laisser le terrain aux gens qui s'accrochent aux vieilles méthodes ».

Dans les faits, ce sont très majoritairement les militants actifs et les apparatchiks du syndicat, tant les anciens directeurs syndicaux et les délégués que ceux qui sont dans le giron de la tutelle, qui ont pris part à l'assemblée générale, ont confié à La Presse plusieurs participants. Selon ces derniers, bien des apparatchiks veulent se positionner afin d'incarner le changement car, en bout de piste, chaque poste d'officier syndical représente du pouvoir et une rémunération.

Un silence critiqué

D'autres cols bleus à qui La Presse a parlé depuis deux jours souhaitent se tenir loin de ce qu'ils qualifient de guerre de clans. Le raisonnement évoqué est simple : ceux qui ont délogé les dirigeants en place, dont la présidente Chantal Racette, sont ceux qui, dans le passé, ont eux-mêmes profité ou défendu les structures syndicales. À cet égard, l'actuel directeur du SCFP-Québec, Marc Ranger, est montré du doigt ; on lui attribue l'ambition de se hisser à l'exécutif du SCFP national. M. Ranger est un ancien conseiller syndical des cols bleus et un proche de l'ancien président Michel Parent.

Dans ce contexte, la confiance à l'égard du tuteur Denis Régimbald, issu des rangs du SCFP, ne semble pas acquise. Son silence sur la place publique soulève beaucoup de critiques chez des cols bleus.

Sur le fond, la proposition de nouveaux statuts et règlements suscite également des interrogations. Des changements de dernière minute ont été apportés au projet diffusé sur le site internet du syndicat. Ainsi, un vote électronique était proposé lors des élections afin de favoriser la participation des membres, mais l'idée a été retirée des statuts au profit du scrutin traditionnel. Le SCFP explique avoir procédé à un test au cours des dernières semaines et s'est rendu compte qu'il y a « quelques faiblesses dans les bases de données du SCFP 301 ».

Vendredi dernier, des cols bleus retraités ont essuyé un revers important devant la Cour supérieure. Ils demandaient une injonction pour surseoir à l'assemblée générale de laquelle ils ont été exclus. Le tribunal a toutefois conclu que ne pas aller de l'avant avec les changements proposés aurait causé un plus grand préjudice à l'ensemble des cols bleus.