Montréal largue les réseaux sociaux pour informer les Montréalais sur les problèmes de circulation. Jugeant les micromessages inefficaces, la métropole change de stratégie pour aider les Montréalais à ne pas rester prisonniers des cônes orange.

Actif depuis septembre 2010, le compte @MTL_Circulation comptait près de 44 000 abonnés. Rues barrées, chantiers perturbant la circulation : des milliers de messages y ont été diffusés pour informer les Montréalais sur les principales entraves sur le réseau routier. La Ville a toutefois décidé qu'elle cesserait désormais de l'utiliser.

Peu de questions des citoyens, pratiquement pas de partages ou de « J'aime » sur les publications : le « taux d'engagement » de son compte était d'à peine 0,28 %, a constaté la Ville. « On avait plus de 43 000 abonnés, mais zéro engagement. Les gens s'abonnaient au compte, mais ne le consultaient pas », dit Philippe Sabourin, porte-parole de Montréal.

Ce désintérêt, Montréal l'explique par le manque d'informations personnalisées. « Les citoyens vont souvent du même point A au même point B. Ils n'ont pas besoin d'avoir l'information sur tous les chantiers sur les 500 km2 de la Ville », expose M. Sabourin.

Changement de stratégie

La métropole a décidé de concentrer ses efforts ailleurs. La Ville invite ainsi les Montréalais à s'abonner à une liste de courriels d'alertes personnalisées. Les citoyens peuvent inscrire jusqu'à cinq adresses où ils se rendent fréquemment : ils seront ainsi automatiquement avisés lorsqu'un chantier ou un incident risque de perturber leurs déplacements.

Pour les trajets inhabituels, Montréal suggère d'utiliser les applications de géolocalisation, comme Google Maps ou Waze. Autre solution, la Ville souligne qu'elle met à jour quotidiennement sur son site une carte des chantiers en cours.

Mauvaise plateforme ?

Le compte @MTL_Circulation était l'un des plus suivis en matière de circulation à Montréal. En comparaison, le compte avec lequel le ministère des Transports du Québec (MTQ) informe les usagers sur les entraves sur son réseau autoroutier de la métropole, @Qc511_Mtl, est suivi par 15 000 personnes.

Actif depuis août 2012, ce compte a diffusé plus de 220 000 messages, soit près d'une centaine par jour en moyenne. Or, une visite sur sa page permet de constater que la quasi-totalité des messages ne suscitent aucun engagement. Aucune réponse. Aucun partage. Aucun « J'aime ». Le MTQ n'a pas indiqué hier s'il révisait son utilisation de Twitter.

Consultant en stratégies numériques, Bruno Guglielminetti estime que Montréal fait fausse route en abandonnant son compte. « Selon moi, c'est une erreur de la Ville, surtout quand on se positionne comme ville intelligente. La moindre des choses, c'est de permettre à ses citoyens d'accéder à l'information sur les grandes plateformes », dit-il. Et le manque d'engagement ne signifie pas pour autant que le compte n'était pas consulté ou qu'il était inutile, ajoute M. Guglielminetti.

Professeur à l'École des médias de l'UQAM, Jean-Hugues Roy abonde dans le même sens. Pour lui, le problème de ce mode de communication pour informer sur les entraves routières réside probablement ailleurs. « Inviter les gens à consulter Twitter pendant qu'ils conduisent, ça n'a pas d'allure. Ça ne me semble pas la plateforme la plus appropriée. C'est fait pour partager, et au volant, il ne faut pas s'engager dans un réseau social. C'est dangereux », note-t-il.

Le compte du MTQ publie d'ailleurs un avertissement à ses abonnés voulant s'informer des entraves en cours : « N'utilisez pas votre cellulaire au volant. »

Stratégie inverse à la STM

La Société de transport de Montréal (STM) continue pour sa part à miser massivement sur Twitter pour informer ses usagers des pannes sur son réseau. Durant la panne d'électricité ayant affecté la ligne bleue du métro hier après-midi, le transporteur a diffusé une trentaine de micromessages.

photo tirée de twitter

Actif depuis septembre 2010, le compte @MTL_Circulation comptait près de 44 000 abonnés.