Une citoyenne a été expulsée par la police ce mardi soir de l'assemblée du conseil d'arrondissement d'Anjou à la demande du maire Luis Miranda.

Sandra Boursiquot, une ancienne bénévole de son équipe politique lors de campagnes électorales, se tenait debout dans le fond de la salle, avec des pancartes. On pouvait y lire «Non à l'agression sexuelle», «Je ne suis pas un sac de vidanges» et «Assez enough».

Au moment de son expulsion pour entrave, Mme Boursiquot a clamé avoir été violée par le maire. Quelques minutes plus tard, à l'extérieur de l'hôtel de ville, Mme Boursiquot était en colère. «Personne ne fait rien. Tout le monde le sait et tout le monde se ferme la bouche», a-t-elle lancé. «Il faut que le gouvernement se réveille et enlève ces criminels-là de notre ville», a-t-elle ajouté.

Sandra Boursiquot affirme avoir porté plainte auprès du SPVM l'année dernière pour harcèlement et agression sexuelle. Son dossier n'avance en rien, dit-elle, lui enlevant toute confiance dans le système de justice. «Avec ce que j'ai vécu, pas du tout».

En octobre dernier, Mme Boursiquot a distribué un court texte accusateur à l'endroit de Luis Miranda, dans des boîtes aux lettres de citoyens d'Anjou. Le maire avait répliqué en lui faisant parvenir une mise en demeure pour atteinte à la réputation.

En décembre, elle avait manifesté silencieusement au conseil d'arrondissement en affichant le message «Anjou dit non aux agressions sexuelles» sur un t-shirt. Le maire Miranda avait exigé son départ et elle avait obtempéré. Quelques jours plus tard, Mme Boursiquot s'était rendue au conseil municipal de Montréal et a profité de la période de questions du public pour exposer sa situation et demander l'aide de la mairesse Valérie Plante ; Luis Miranda avait alors quitté l'assemblée par une porte secondaire.

Ce soir, le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) avait été prévenu par le maire de la possibilité que Mme Boursiquot récidive, a indiqué à La Presse le commandant du poste 46, Michael Chartrand, présent sur place. «Ça dérange le bon déroulement de l'assemblée. C'est le droit du maire de demander que madame soit expulsée», a-t-il affirmé.

Dès que Mme Boursiquot et un ami se sont installés, sans dire un mot, dans le fond de la salle du conseil, pancartes à la main, le maire a suspendu l'assemblée. Puis, il s'est rassis et a lu un court texte pour constater que le déroulement de l'assemblée était perturbé et qu'il faisait ainsi appel aux forces de l'ordre pour expulser les responsables.

Six policiers sont intervenus. L'ami de Mme Boursiquot s'est retiré sans résister alors que Mme Boursiquot ne voulait pas partir, arguant qu'elle ne dérangeait en rien la tenue de l'assemblée. Elle exigeait de connaître le motif de son expulsion. Une policière a expliqué qu'il s'agissait d'une entrave. Mme Boursiquot a été empoignée par un bras et reconduite à l'extérieur, suivie de près par plusieurs journalistes.

De son côté, le maire Miranda a refusé de faire des commentaires. Quand La Presse lui a demandé s'il avait déposé une poursuite contre Mme Boursiquot comme il a dit qu'il le ferait, il s'est borné à dire : «Vous verrez en temps et lieu».