« Les autobus, c’est pire que le métro », affirme Gleason Frenette, président du Syndicat du transport de Montréal, en réaction au reportage de La Presse publié vendredi qui révélait que les barres de maintien dans le métro sont nettoyées une fois toutes les cinq ou six semaines, alors qu’elles sont lavées tous les jours dans des villes comme Boston et Paris. La Société de transport de Montréal (STM) a d’ailleurs confirmé, vendredi, qu’elle ne modifierait pas la fréquence de nettoyage de ses wagons.

Les employés d’entretien sont davantage préoccupés par la présence de coquerelles et de punaises de lit dans certains autobus, explique M. Frenette, que par la quantité de bactéries découvertes par le biologiste moléculaire Sylvain Beausoleil, du collège Ahuntsic. À la demande de La Presse, M. Beausoleil a prélevé 40 échantillons dans le réseau souterrain ; 4 d’entre eux contenaient tant de colonies de bactéries et de levures qu’il lui a été impossible de les compter au microscope.

« Les employés ont surtout peur de ramener [des insectes] chez eux », dit le président du syndicat.

La STM a en effet confirmé à La Presse qu’il y avait de « rares » cas de punaises de lit et de coquerelles dans certains autobus de la ville.

Dès qu’une situation anormale est observée ou portée à notre attention par des clients ou nos employés, nous retirons promptement le véhicule du service, et un traitement spécialisé est fait par un exterminateur.

Philippe Déry, conseiller corporatif aux affaires publiques de la STM

Comme dans le métro, les nouveaux autobus en circulation sont dotés de sièges en plastique, a-t-il ajouté, ce qui aide à réduire la présence de punaises de lit.

Le président du Syndicat des chauffeurs d’autobus, Renato Carlone, n’était pas disponible pour répondre à nos questions, vendredi.

La saison de la grippe

La STM a aussi confirmé qu’elle ne changerait pas la fréquence à laquelle elle nettoie l’intérieur des rames de métro. « Nos principales contraintes en ce sens sont les infrastructures limitées et nos restrictions pour immobiliser les trains afin de maintenir une offre de service adéquate », a indiqué M. Déry de la STM, dans un courriel.

M. Frenette, du syndicat, confirme qu’il y a seulement deux garages où sont lavés les véhicules. Mais selon lui, ce n’est pas le manque d’infrastructures, mais plutôt le manque de personnel qui fait en sorte que le métro est nettoyé moins souvent que dans d’autres villes.

« Les préposés au nettoyage, c’est la première place où l’employeur coupe. Si des employés tombent malades, s’il y a de l’absentéisme ou s’il y a des accidents de travail, ils ne sont jamais remplacés », affirme M. Frenette.

Il y a des périodes de l’année où l’on a intérêt à mettre des gants dans le métro pour ne pas tomber malade.

Gleason Frenette, président du Syndicat du transport de Montréal

Le président de l’Association des microbiologistes du Québec, Christian L. Jacob, avance que les barres de maintien dans le métro de Montréal devraient être nettoyées au moins une fois par semaine. Il affirme toutefois qu’il n’existe aucune norme d’entretien dans les espaces publics, hormis dans le domaine alimentaire et dans les hôpitaux.

« Même si les résultats que La Presse a présentés [vendredi] semblaient plus ou moins inquiétants, il reste que les virus comme la grippe ou le rhume se transmettent aussi par contact. La grippe, ça peut sembler anodin, mais beaucoup de complications sérieuses peuvent être causées par ce virus », dit-il.

Les échantillons prélevés par le biologiste moléculaire Sylvain Beausoleil ont permis d’identifier la bactérie Bacillus cereus, responsable d’intoxications alimentaires, et la levure Candida ciferrii, en cause dans certains cas de maladies de la peau. Les tests de laboratoire ne permettaient pas de révéler la présence de virus comme le rhume ou la grippe.

Le médecin-conseil Jasmin Villeneuve, de l’Institut national de santé publique, affirme quant à lui que le métro n’est pas pire que les autres lieux publics.

« Comme dans tous lieux publics, l’hygiène des mains, c’est la solution, explique-t-il. On se lave les mains en sortant de chez soi [pour ne pas infecter les lieux publics], avant de manger, en quittant un lieu public et évidemment en sortant de la toilette. Ça a l’air évident, mais beaucoup de gens ne le font pas. »