(Montréal) Les expulsions de locataires sont à la hausse dans le quartier Parc-Extension, l’un des plus pauvres de la région montréalaise, sinon le plus pauvre, dans la foulée d’un phénomène d’embourgeoisement du secteur.

Des locataires et des militants des droits des locataires se sont rassemblés samedi dans le parc Saint-Roch afin de dénoncer cette situation, d’établir des ponts avec la collectivité et de lancer des mises en garde au moment où s’ouvre dans le quartier un nouveau campus universitaire.

Âgée de 23 ans, Samiha Hossain a vécu pendant deux décennies dans le même appartement. Elle raconte que le loyer des nouveaux locataires dans l’immeuble où elle habite est presque deux fois plus élevé que celui de sa famille.

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Samiha Hossain

Elle a ajouté que les familles de plusieurs de ses amis ont été expulsées de leur logement pour des motifs de rénovation. Dans un cas, le propriétaire a réduit de moitié la superficie de l’appartement afin d’en doubler le nombre et ainsi toucher plus de revenus.

« Nous sommes l’un des plus pauvres quartiers du Canada, mais nous sommes riches par notre solidarité, nos liens communautaires et notre diversité, a souligné Mme Hossain. On doit s’en souvenir et en être fiers. »

Amy Darwish, une organisatrice au Comité d’action de Parc-Extension (CAPE), a dit le nombre de reprises de possession d’un appartement, de « rénovictions » et de hausses exagérées du loyer ont connu une forte augmentation au cours de la dernière année.

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Amy Darwish

« Il arrive souvent qu’un nouveau propriétaire arrive et décide d’augmenter les loyers de 100 $ », déplore-t-elle.

Selon elle, certains propriétaires ne louent plus qu’à des étudiants afin d’augmenter une sorte de roulement et pouvoir augmenter plus souvent les loyers.

« Ce phénomène semble s’empirer avec l’arrivée prochaine du nouveau campus de l’Université de Montréal », a dit Mme Darwich.

L’Université de Montréal, qui ouvrira son nouveau pavillon des sciences dans le secteur, dit être sensibilisée aux impacts de son nouveau campus sur la population locale.

Le nouveau complexe accueillera environ 2000 étudiants à compter de septembre. Leur nombre devrait croître de près de 400 % au cours des 20 prochaines années.

Présente au cours du rassemblement, la candidate néo-démocrate dans le comté de Papineau, Christine Paré, a souligné que le problème de l’embourgeoisement du quartier était réel. Elle a réclamé du financement supplémentaire pour des logements sociaux.

« Les gens ont été expulsés de leur logement, a-t-elle décrié. Depuis que je vis dans le quartier, les loyers ont triplé en cinq ans. Il n’était que d’environ 500 $ par mois. Aujourd’hui, le même logement peut coûter 1000 $ ou 1500 $ par mois. »

Le CAPE et d’autres groupes communautaires demandent davantage de logements sociaux, une meilleure prise de conscience des droits des locataires et espèrent une plus grande implication de la collectivité et des politiciens.