Le député qui représente les voisins du centre de tri du recyclage de Montréal a demandé à la Santé publique d’enquêter sur la qualité de l’air aux abords du bâtiment.

La Presse a révélé hier matin des rapports récents de santé et sécurité du travail qui concluent que des concentrations « extrêmement élevées » de moisissures et de bactéries dans l’air du bâtiment représentent un risque pour les travailleurs.

Le député libéral de Viau, Frantz Benjamin, craint que ces contaminants puissent aussi avoir un impact sur la santé des Montréalais qui habitent à proximité du centre, situé près de l’intersection de l’autoroute Métropolitaine et de l’avenue Papineau.

« J’ai demandé à la Santé publique de Montréal de faire une enquête élargie sur la qualité de l’air aux abords du [complexe environnemental] Saint-Michel », a dit M. Benjamin en entrevue téléphonique. « Il y a une dimension qui concerne l’extérieur du milieu de travail. »

Le député, qui était conseiller municipal dans le même secteur avant son élection à l’Assemblée nationale en 2018, a reçu des plaintes au cours des dernières années à propos de ces installations. « Quand il vente trop, il y a des débris de carton, de papier qui vont » chez des voisins, a-t-il déploré.

Des résidants de la 2Avenue et de la rue D’Iberville vivent en relative proximité du centre de tri.

Travailleurs exposés

Selon des rapports de la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) obtenus par La Presse grâce à la Loi sur l’accès à l’information, les problèmes de qualité de l’air au centre de tri prévalent depuis de nombreuses années, sans véritable amélioration.

Ils seraient causés par l’arrivée de matières recyclables mal rincées dans les installations. Or, le tri de ces produits suppose de les agiter, propulsant dans l’air des moisissures qui s’y trouvaient.

La Santé publique de Montréal « considère les risques à la santé importants » pour les employés de l’endroit. Selon Geoffroy Denis, médecin au sein de cette organisation, les travailleurs exposés pourraient développer des maladies des voies respiratoires, comme l’asthme.

Le centre de tri appartient à la Ville de Montréal, mais est exploité par l’entreprise Rebuts solides canadiens inc. En entrevue, son président Gilbert Durocher a fait valoir qu’il suivait le plan d’action approuvé par les autorités, mais a reconnu que ses efforts n’avaient pas été couronnés de succès jusqu’à maintenant. Des masques plus étanches arriveront sous peu dans ce milieu de travail.

« Moi, je ne contrôle pas la matière entrante, je la reçois », s’est défendu M. Durocher. « C’est de la matière qui est effectivement contaminée : des couches souillées, des pots de beurre de pinotte et de yogourt non rincés… »