Les ingénieurs les ont affectueusement appelées « Anne » et « Marie ». Au cours des prochains mois, ces deux monstres d’acier vont hisser quelque 4100 blocs de béton de 45 tonnes qui, une fois assemblés, constitueront une des plus longues structures aériennes du monde. Visite d’un chantier qui s’active dans l’Ouest-de-l’Île. 

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Elles permettent de hisser et de mettre en place chacun des voussoirs qui composent les travées de la structure aérienne de 14,5 km entre l’autoroute 13 et Sainte-Anne-de-Bellevue.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Une fois bien alignés, ces blocs de béton – qui pèsent entre 42,3 et 57,7 tonnes métriques chacun – sont collés ensemble par des câbles qui les traversent et qui sont mis sous tension.

Une première au Québec

Appelées « poutres de lancement », ces deux structures de métal jaunes sont en quelque sorte des grues géantes, « mais un peu plus sophistiquées », explique Stefan Balan, directeur de l’antenne Sainte-Anne-de-Bellevue–aéroport du projet du Réseau express métropolitain (REM). Elles permettent de hisser et de mettre en place chacun des voussoirs qui composent les travées de la structure aérienne de 14,5 km entre l’autoroute 13 et Sainte-Anne-de-Bellevue. Une fois bien alignés, ces blocs de béton – qui pèsent entre 42,3 et 57,7 tonnes métriques chacun – sont collés ensemble par des câbles qui les traversent et qui sont mis sous tension. Ainsi « soudée » par la tension, la travée de 40 mètres de long peut être déposée sur les deux piliers qui la supportent. L’utilisation des « poutres de lancement » est assez répandue dans le monde, mais c’est la première fois qu’elles sont utilisées à cette échelle au Québec, affirme le porte-parole pour le projet du REM, Jean-Vincent Lacroix.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les 4102 voussoirs sont préfabriqués dans une usine de Saint-Eugène-de-Grantham, près de Drummondville.

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les ouvriers en ont jusqu’à maintenant livré près de 550.

Préfabriqués dans une usine 

Les 4102 voussoirs sont préfabriqués dans une usine de Saint-Eugène-de-Grantham, près de Drummondville. Les ouvriers en ont jusqu’à maintenant livré près de 550. Les ingénieurs de NouvLR ont décidé d’utiliser cette méthode de construction avec des pièces préfabriquées parce qu’il aurait été tout simplement impensable de transporter par camion des travées complètes, à cause du poids. Il aurait aussi été difficile de couler les travées sur place. « Ça aurait pris autour de trois semaines par tronçon, en comptant le temps de coffrage et de décoffrage », estime M. Balan. Le caractère répétitif de la tâche, qui doit être reproduite entre chacun des quelque 350 piliers de 3 mètres qui sont érigés, permettra d’atteindre un niveau d’efficacité plus élevé au fil du temps, en plus de nécessiter moins de travailleurs qu’avec une méthode de construction plus traditionnelle. 

Six jours par semaine, jour et nuit

PHOTO ALAIN ROBERGE, LA PRESSE

Les poutres de lancement seront en activité six jours sur sept, jour et nuit, jusqu’à l’automne 2022.

Les poutres de lancement seront en activité six jours sur sept, jour et nuit, jusqu’à l’automne 2022. Les ouvriers, toujours en période de rodage, devraient être en mesure de terminer une travée tous les deux jours grâce à cette technique. La poutre de lancement est conçue pour pouvoir se déplacer d’elle-même d’un pilier à l’autre, sans nécessiter l’aide d’une grue. « C’est une opération qui prend environ cinq heures », explique M. Balan. Deux poutres de lancement identiques, conçues expressément pour les besoins de la construction du REM, seront en activité simultanément. Pour la petite histoire, celle qui a été baptisée « Marie » porte ce nom en référence à la rue Marie-Curie, où elle terminera son mandat. L’autre, « Anne », a ainsi été nommée pour faire un clin d’œil à la ville de Sainte-Anne-de-Bellevue, où se trouvera le terminus dans l’Ouest-de-l’Île.