Excédée, la Société de transport de Montréal (STM) donne jusqu'à la fin du mois à une entreprise pour terminer un chantier accusant deux ans de retard, faute de quoi elle résiliera son contrat de 24 millions.

La STM a entrepris en juin 2016 un vaste chantier pour refaire 24 escaliers mécaniques dans sept de ses stations de métro. Aménagés dans les années 70 et 80, ceux-ci tombaient de plus en plus souvent en panne et devaient être complètement refaits.

C'est l'entreprise Groupe manufacturier d'ascenseurs Global Tardif qui a décroché en 2013 le contrat de 24 millions pour remplacer ces 24 escaliers mécaniques. Mais les travaux qui devaient durer en moyenne six mois par escalier mécanique accumulent les retards depuis.

Les travaux sont terminés à seulement deux stations, soit Saint-Michel et Fabre, des chantiers qui ont accusé 7 et 14 mois de retard respectivement.

Mais le cas de la station Édouard-Montpetit, qui dessert l'Université de Montréal, est plus lourd. L'un de ses escaliers mécaniques est hors service depuis juin 2016, soit depuis deux ans et demi. Une affiche expliquant aux usagers la nature des travaux indiquait au départ que ceux-ci devaient être terminés en juin 2017. Mais un mois après cette date, la fin des travaux a été repoussée à septembre 2017. Puis elle a été reportée à «l'automne 2017». Mais en décembre 2017, rebelote alors qu'un nouveau report jusqu'au printemps 2018 était annoncé. À l'été, les travaux n'étaient toujours pas exécutés, si bien qu'un quatrième report a été annoncé, cette fois pour l'«automne 2018».

Les travaux n'étant toujours pas terminés, la STM a envoyé hier un préavis de résiliation de contrat à Global Tardif. Le transporteur donne jusqu'au 30 novembre pour terminer les chantiers, sans quoi il mettra fin à son mandat en raison de l'«incapacité» de l'entreprise à achever les travaux.

«Tout au long du projet, nous avons collaboré et agi de bonne foi pour tenter de trouver un terrain d'entente pour permettre la mise en service clientèle des escaliers dans les meilleurs délais, mais en vain. Donc, nous avons été contraints de prendre cette décision en raison de la durée anormale des travaux qui continuait de s'allonger, situation inacceptable pour les clients», affirme Amélie Régis, porte-parole de la STM.

À l'échéance du délai, le transporteur entend reprendre lui-même les travaux. «Nous reprendrons en charge les chantiers en cours et visons la mise en service des escaliers d'ici la fin de 2018», poursuit Mme Régis.

La STM n'a pas dévoilé avec précision hier pourquoi les chantiers accusaient tant de retard. En novembre 2017, le transporteur avait mis en cause un problème dans la production d'une importante pièce des escaliers mécaniques, soit celle permettant aux marches de s'aligner automatiquement. «Ce problème est réglé depuis plusieurs mois», précise toutefois Mme Régis. Malgré ces correctifs, l'entreprise n'a pas réussi à mener à terme les travaux.

Global Tardif n'a pas rappelé La Presse hier pour expliquer les retards.

Impossible de savoir quelle pénalité la STM entend imposer à l'entreprise. «Il est encore trop tôt pour se prononcer», a indiqué Amélie Régis, porte-parole du transporteur.

Lors de l'appel d'offres mené en 2013, seulement deux entreprises avaient participé à l'exercice. La soumission de l'entreprise Kone avait été écartée, la STM la jugeant «non recevable juridiquement». Le contrat avait donc été accordé à Global Tardif, même si elle demandait 14% de plus que l'estimation du transporteur.

Quant aux travaux de réfection effectués sur 39 autres escaliers mécaniques, la STM assure que ceux-ci ne sont pas touchés par les retards. «[Ces] travaux de réfection majeure sont réalisés à l'interne et ne sont donc pas touchés par le contrat lié à Global Tardif», assure Amélie Régis.

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DES RETARDS IMPORTANTS

> Saint-Michel, ligne bleue

Les travaux ont débuté en juin 2016 et ont pris fin en décembre 2017, soit avec sept mois de retard.

> Édouard-Montpetit, ligne bleue

Les travaux ont débuté en juillet 2016 et doivent prendre fin à l'automne 2018, selon l'échéancier actuel.

> Jean-Talon, lignes orange et bleue

De juillet 2016 à automne 2018, selon l'échéancier actuel.

> Fabre, ligne bleue

Les travaux ont débuté en janvier 2017 et ont pris fin en octobre dernier, avec 14 mois de retard.

> Côte-des-Neiges, ligne bleue

Les travaux ont débuté en mars 2017 et la fin du chantier est prévue à l'automne 2018, selon l'échéancier actuel.

> Acadie, ligne bleue

Les travaux devaient débuter le 15 octobre et doivent prendre fin en décembre 2018, selon l'échéancier actuel.

> Côte-Vertu, ligne orange

Les travaux ont débuté le 29 octobre 2018 et doivent prendre fin en mars 2019, selon l'échéancier actuel.