Fini la prolifération des cônes orange à Montréal. L'administration Plante cessera d'augmenter le nombre de chantiers d'année en année pour maintenir la vitesse de croisière actuelle. À ce rythme, la métropole prévoit toutefois mettre 10 ans avant d'offrir des chaussées en aussi bon état que la moyenne des grandes villes canadiennes.

Sous Denis Coderre, Montréal avait décidé d'augmenter significativement la cadence des chantiers pour améliorer rapidement l'état du réseau routier. À l'époque, 45 % des chaussées étaient jugées en mauvais ou très mauvais état. Les principales rues étaient particulièrement en piètre état, alors que ce taux atteignait 55 %.

La métropole avait alors mis en place une stratégie pour faire plus de travaux palliatifs, afin de prolonger de 7 à 15 ans la durée de vie des chaussées. Plus rapides, ces travaux ont permis d'augmenter le nombre de kilomètres de rues retapées chaque année, d'où la prolifération des chantiers ces dernières années. D'environ 300 km de rues retapées par an, la métropole prévoyait en refaire plus de 500 km par année. À ce rythme, Montréal prévoyait atteindre la moyenne canadienne vers 2021 ou 2022, soit que seulement le quart (24 %) des rues soient en mauvais ou très mauvais état.

« La stratégie, c'était de dire : "Donnons un gros coup, après, on aura du bel asphalte". C'était irréaliste, un peu dément », juge aujourd'hui Éric Alan Caldwell, élu responsable des transports.

L'administration Plante a donc décidé de modifier la stratégie pour faire moins de travaux palliatifs pour faire plus de reconstruction en profondeur. Ces travaux donnent de 40 à 45 ans de vie aux chaussées.

Plutôt qu'accélérer, Montréal prévoit désormais maintenir la cadence des chantiers pour les 10 prochaines années. Ceci permettra de retaper environ 286 km de rues par an. À ce rythme, l'état du réseau s'améliorera graduellement, mais c'est seulement en 2028 que Montréal prévoit offrir un réseau équivalent à la moyenne des grandes villes canadiennes.

Si Montréal fait moins de travaux palliatifs, elle compte se concentrer sur le réaménagement de rues en ayant besoin. « On va investir autant, mais mieux, a résumé Éric Alan Caldwell, élu responsable des transports. Reconstruire à l'identique des rues conçues il y a 40 ans, ce n'est pas la bonne approche. »

Pour les automobilistes qui jugent que le rythme actuel est déjà trop élevé, l'administration Plante répond que les besoins restent. Le réseau a souffert d'un manque d'investissements depuis 50 ans et ce retard doit être rattrapé. « On ne doit pas relâcher les efforts », assure Éric Alan Caldwell.

Pour atténuer l'impact des chantiers, l'administration Plante dit vouloir améliorer la coordination des chantiers. « On s'améliore et on continue à s'améliorer », dit M. Caldwell. Montréal souligne la mise en place de l'Escouade mobilité pour éviter les problèmes au jour le jour sur ainsi que brigade des chantiers qui veillera à la qualité des travaux réalisés.

Fausse route, pour l'opposition

L'administration Plante fait fausse route avec sa stratégie, estime le chef de l'opposition, Lionel Perez. « On avait un élan pour rattraper le déficit d'entretien des rues et, juste avant d'atteindre notre vitesse de croisière, Projet Montréal bloque ce rattrapage », s'est désolé celui qui était responsable des infrastructures sous Denis Coderre.

« La majorité sinon la quasi-totalité des Montréalais vont être déçues. Parce que ça veut dire que pendant plusieurs autres années, on va devoir subir des rues en mauvais état », s'est désolé Lionel Perez.

L'opposition estime qu'il est faux de dire que ce changement de stratégie évitera la prolifération des cônes orange. « Il n'y aura pas moins de chantiers. Ça va peut-être même empirer parce que les travaux de réaménagement sont plus lourds », dit Lionel Perez.

***

Part des investissements (ancienne stratégie, nouvelle stratégie)

Maintien des rues : 71 %, 46 %

Réaménagement : 17 %, 40 %

Développement de nouvelles rues : 12 %, 13 %