Après des années de doléances à cet égard, les commerçants montréalais qui s'estiment lésés par les grands chantiers de travaux publics dans leurs environs pourront bientôt réclamer une compensation financière auprès de la Ville de Montréal.

Lancé hier, le programme, nommé Aide financière aux commerces affectés par des travaux majeurs, sera doté d'un budget de 25 millions d'ici trois ans. Il vise surtout à compenser la « perte de bénéfice brut » des commerçants jusqu'à concurrence de 85 % de sa valeur démontrée, ou un maximum de 30 000 $ par an.

Pour être admissibles, les commerces doivent être localisés dans un secteur où « des travaux de conduites d'égout ou d'aqueduc » d'une durée minimale de six mois sont en cours ou ont eu lieu depuis janvier 2016.

Sont aussi admissibles les commerces situés près de « chantiers d'infrastructures majeures » d'une durée minimale de 36 mois (trois ans) qui sont réalisés par la Ville ou par la Société de transport de Montréal (STM).

En revanche, la Ville a décidé d'exclure de ce programme d'aide les commerces de services professionnels ou artistiques, de services financiers, de soins de santé ainsi que de services immobiliers.

Le deuxième volet des mesures annoncées hier par la Ville de Montréal concerne la bonification du programme Artères commerciales en transformation, qui implique déjà les sociétés de développement commercial de quartier (SDC) et les associations locales de commerçants.

Pour l'essentiel, cette bonification annoncée à hauteur de 16,8 millions d'ici dix ans vise à subventionner davantage de projets de remise en valeur et de promotion des activités commerciales sur les artères touchées par de grands chantiers de travaux publics.

Cette bonification touchera aussi le programme de subventions aux commerçants pour la rénovation de leur bâtiment, jusqu'à concurrence de 250 000 $ chacun, mais désormais sans égard à la taille du bâtiment.

RÉACTIONS POSITIVES

Les premières réactions de représentants de commerçants montréalais étaient positives en fin de journée hier, après qu'ils eurent pris connaissance de ce qu'ils disent réclamer depuis longtemps aux autorités municipales.

« C'est un pas dans la bonne direction de la part de la Ville de Montréal, après qu'elle a obtenu les pouvoirs d'une telle compensation aux commerçants [nouvelle Loi provinciale sur la métropole] », a indiqué André Poulin, directeur général du regroupement de commerçants Destination Centre-ville.

À la Chambre de commerce du Montréal métropolitain, le président et chef de la direction, Michel Leblanc, a adressé ses « félicitations à la Ville de Montréal » pour la mise en place d'un programme d'aide que « le milieu des affaires réclamait depuis plusieurs années ».

Pour la suite, avertit M. Leblanc, « l'administration municipale devra s'assurer de miser sur un processus simple et efficace afin d'accompagner les commerçants qui voudront s'en prévaloir ».

À la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante (FCEI), qui est le plus gros regroupement de PME au pays, on se dit « satisfait » du programme d'aide aux commerçants énoncé par la Ville de Montréal.

« De toutes les villes au pays à qui nous avons lancé le défi de mettre en place un programme pour indemniser les entreprises affectées par les chantiers, Montréal est la première et la seule jusqu'à présent à avoir relevé le défi. Nous la félicitons pour son leadership », a indiqué Martine Hébert, vice-présidente principale de la FCEI.