La majorité des propriétaires de chats de Laval ne se plient pas au nouveau règlement animalier les obligeant à payer pour un permis et la stérilisation de leur animal. C'est ce que tend à démontrer le montant des revenus, qui n'atteint pas le tiers des prévisions, a appris La Presse.

Selon les informations recueillies, la vente de permis, qui s'appliquait déjà aux gardiens de chiens et qui concernent les propriétaires de chats depuis le 1er avril 2017, totalisait le mois dernier quelque 240 000 $. L'objectif annuel prévu était de 800 000 $.

Se procurer un permis et une médaille pour un chien est demeuré stable et coûte 27 $. Les changements concernent les chats. En 2017, année électorale, le permis a été gratuit. En 2018, posséder un chat coûte 7 $, facture qui grimpera à 15 $ à compter du 1er janvier prochain. Seuls les propriétaires de 65 ans et plus sont exemptés.

À la Ville de Laval, on confirme que le nouveau règlement sur les animaux ne donne pas les résultats escomptés. « L'entrée en vigueur du nouveau règlement a amené la Ville à redéployer ses ressources pour l'application réglementaire, le traitement des nombreuses demandes d'information et requêtes des citoyens et la tenue de différentes activités (information, journées d'adoption, micropuçage, etc.). C'est pourquoi, à l'heure actuelle, la Ville estime ses revenus à percevoir en 2018 entre 300 000 $ et 400 000 $ », a expliqué par courriel la responsable des affaires publiques, Sarah Bensadoun.

TRÈS NOMBREUSES CRITIQUES

Le nouveau règlement soulèverait de très nombreuses critiques dans la population, où il est souvent désigné comme la « taxe minous du maire Demers ». À compter du 1er janvier prochain, les chats et les chiens devront être micropucés. Sur son site internet, la Ville indique avoir prévu offrir des cliniques à prix modique ; les tarifs ne sont toutefois pas précisés.

De plus, le propriétaire d'un chat qui se promènerait dans son quartier sans médaille au cou et qui se ferait chauffer au soleil chez le voisin est passible d'une amende. En effet, le règlement stipule que la présence d'un chat sur le terrain d'un résidant qui ne serait pas avisé est interdite.

Chez les fonctionnaires non plus, le règlement ne fait pas l'unanimité. Selon des comptes rendus de rencontres internes dont La Presse a pris connaissance, des difficultés dans le dossier ont été relevées dès juin dernier.

Il était alors question d'« un recadrage d'ici la fin de l'année » et d'un plan d'action. On notait également un retard dans la rédaction des constats d'infraction, ce qui entraînera la recherche de solutions, comme on l'a écrit un mois plus tard.

C'est aussi en juillet qu'il est devenu clair que la Ville n'atteindra pas ses objectifs financiers pour les médailles des animaux domestiques. « On ne vendra pas pour 800 000 $ de médailles : environ la moitié », peut-on lire dans un compte rendu.

« ÇA NE MARCHE PAS »

Une source bien au fait du dossier a affirmé que même si l'administration Demers voulait être une figure de proue dans ce domaine, « la responsabilisation des gardiens d'animaux, ça ne marche pas ». On souligne également des problèmes de communication avec la population. Quant aux constats d'infraction, ce serait « le chaos ».

Mme Bensadoun a rappelé à La Presse que le règlement est en vigueur depuis moins d'un an et qu'il « n'est pas exclu que des ajustements soient faits afin de mieux représenter la réalité terrain ».

Un des objectifs annoncés du nouveau règlement était de mieux contrôler les chats et chiens errants dont l'hébergement, les soins, la recherche des propriétaires et l'euthanasie coûtent près de 1 million par année à la Ville. En 2016, Laval a recueilli environ 200 chats et 400 chiens.