Malgré les réticences de la Coalition avenir Québec (CAQ), la mairesse Valérie Plante garde le cap sur la ligne rose. Montréal crée un bureau de projet doté d'un budget de 1 million afin d'étoffer le dossier de cette promesse phare de Projet Montréal.

« On ne lâchera pas avec la ligne rose. » Valérie Plante a assuré lundi que la métropole continuerait à faire la promotion du projet qui doit relier Montréal-Nord à Lachine, en passant par le centre-ville. Pour que le projet progresse, le bureau de projet aura pour tâche de mener des études démontrant son utilité. Montréal met en place un comité consultatif de six experts pour le conseiller.

« C'est pour expliquer le bien-fondé et la plus-value [de la ligne rose]. La mobilité, c'est bon, mais quand on ajoute tout ce que ça génère, les impacts positifs, c'est un projet de société », a évoqué la mairesse. Pour elle, développer les transports en commun doit être perçu comme le projet de la Baie-James.

Valérie Plante a de plus insisté sur l'importance de ce nouvel axe pour sortir de l'isolement les résidants de plusieurs quartiers, dont Montréal-Nord et Saint-Pierre. « Ce sont des endroits enclavés qui ont besoin d'oxygène », a-t-elle dit. Le projet permettrait également de désengorger la ligne orange du métro, qui a atteint sa capacité maximale sur la majeure partie de son tracé.

TRAVAUX DÉJÀ ENTREPRIS

La mairesse a indiqué que le bureau de projet ainsi que le comité consultatif viendront s'arrimer aux travaux déjà entrepris par l'Autorité régionale de transport métropolitain (ARTM). Québec avait en effet annoncé l'été dernier le financement de l'étude de neuf projets de transports en commun dans la région, dont la ligne rose.

« C'est un cri du coeur que j'envoie : ça demeure la seule et unique façon de contribuer de façon notable et efficace contre les changements climatiques. » - Valérie Plante, mairesse de Montréal

L'ARTM est chargée de mener les études plus techniques, notamment sur la technologie à utiliser et le tracé à emprunter, tandis que Montréal étudiera plutôt les impacts et le potentiel du projet. Ces travaux doivent servir à réaliser la fiche d'avant-projet, qui sera envoyée à Québec pour l'obtention du financement.

Cette annonce survient alors que l'administration Plante célébrera sa première année aux commandes de la métropole. Projet Montréal a été élu en novembre 2017 notamment en promettant de s'attaquer aux problèmes de mobilité. Valérie Plante s'était engagée à ce que le projet de la ligne rose aille de l'avant d'ici à la fin de son premier mandat.

L'opposition à l'hôtel de ville a dénoncé la création du bureau de projet de la Ville, estimant que l'administration aurait dû attendre les résultats des études menées par l'ARTM. « C'est prématuré. Ce n'est rien d'autre qu'un bureau de lobbyisme en réaction à l'élection du gouvernement caquiste qui, on sait, est contre la ligne rose telle que formulée. »

La question des relations entre l'administration Plante et le nouveau gouvernement a d'ailleurs créé des flammèches lundi au conseil municipal. L'opposition a déploré le fait que la mairesse n'ait pas pris la peine de se rendre à Québec pour la cérémonie de prestation de serment du Conseil des ministres. « L'absence de la mairesse en a surpris plusieurs. Nous espérons que l'administration révisera sa stratégie et assurera une présence de haut niveau pour les prochains moments clés du gouvernement Legault », a dit Karine Boivin Roy, leader de l'opposition.

Piquée au vif, Valérie Plante a répliqué : « C'est tellement petit, je n'en reviens pas que ce soit votre question. »

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Membres du comité consultatif sur la ligne rose

• Josée Bérubé, urbaniste et architecte chez Provencher_Roy

• Nadia Bhuiyan, vice-rectrice à l'Université Concordia

• Frantz Saintellemy, président et chef des opérations chez Leddartech

• André Poisson, directeur général du Bureau du taxi

• Florence Paulhiac-Scherrer, professeure à l'ESG-UQAM

• Sidney Ribaux, directeur général d'Équiterre