Le «trop grand appétit» des propriétaires du Golf métropolitain d'Anjou, les frères Mario et Raffaele Di Lillo, a fait dérailler la possibilité pour l'entreprise britannique Solargise d'y installer son usine de panneaux solaires non polluants. Ce sont des investissements de 2,3 milliards et 1000 emplois qui échappent ainsi à l'est de Montréal.

Dans une lettre que Solargise a fait parvenir au Service du développement économique de la Ville de Montréal lundi dernier, et que La Presse a obtenue, il est indiqué que les discussions avec la famille Di Lillo n'ont pas permis de conclure un accord : l'écart entre le prix demandé et celui permettant la viabilité du projet industriel était trop grand, souligne le dirigeant de Solargise, Raj Basu.

TROP GOURMAND

Invitée à commenter la situation, la mairesse Valérie Plante ne cache pas son mécontentement. «C'est décevant de penser que le projet de cette entreprise qui est vraiment dans nos orientations - on mise vraiment sur les cleantechs -, ne voit pas le jour en raison du très grand appétit et je dirais même, du trop grand appétit du propriétaire. [...] Je trouve ça triste et je suis en colère», a-t-elle affirmé.

Les montants en jeu ne sont pas révélés; MM. Di Lillo n'ont pas rappelé La Presse. Selon les informations qu'elle dit détenir, la mairesse affirme que «l'offre qui a été faite était plus qu'intéressante». «Ce que veut ce promoteur, c'est spéculer, s'asseoir sur son terrain et attendre que la valeur augmente. Il faut que les gens comprennent que c'est à ça que l'on fait face quand on veut faire du développement économique, entre autres dans l'est», a commenté Valérie Plante qui qualifie l'attitude des propriétaires qui agissent ainsi de «déplorable».

Mme Plante s'attend d'ailleurs à ce les discussions soient difficiles avec la famille Di Lillo pour l'agrandissement du parc régional du Boisé-d'Anjou. En juin dernier, la Communauté métropolitaine de Montréal (CMM) a adopté un plan d'expansion de ce parc, du côté du Golf métropolitain. Ainsi, de vastes parties du terrain de golf ne peuvent être vendues sans l'accord de la CMM.

Outre ce projet vert, la mairesse de Montréal n'écarte pas la possibilité que le golf puisse accueillir éventuellement des entreprises. «C'est de la même façon que dans le dossier Solargise, on a fait preuve d'énormément de flexibilité en n'opposant pas développement économique et développement d'espaces verts», souligne-t-elle.

SIÈGE SOCIAL MONTRÉALAIS

Solargise et la Ville ont tenté de trouver un autre site dans l'est de Montréal, mais les terrains y sont fragmentés et ne correspondaient pas aux besoins particuliers de l'entreprise (une superficie de 9 millions de pieds carrés et la proximité de voies ferrées, par exemple). L'entreprise a plutôt décidé d'installer son usine à Valleyfield.

Une entente est intervenue avec cette municipalité pour l'acquisition d'un terrain permettant de développer la première phase du projet. Des discussions sont également en cours pour l'achat d'un terrain pour la phase 2.

Solargise a toutefois décidé d'installer son siège social à Montréal et y développer ses activités en recherche et développement. Dans sa lettre, M. Basu indique que cela devrait créer une centaine d'emplois. Il indique également son intention de signer des ententes de partenariat avec des universités montréalaises.

«C'est un petit baume. Je le reçois comme un signe qu'il y avait une volonté claire de travailler ensemble», souligne Mme Plante.