Les villes québécoises comptent jouer un rôle de premier plan dans les efforts de réconciliation avec les Premières Nations. Une centaine de maires et de chefs se réunissent aujourd'hui à Montréal pour jeter les bases d'une collaboration à long terme.

« La réconciliation, c'est un long processus qui demande un dialogue constant », dit la mairesse Valérie Plante. La métropole a ainsi décidé d'être l'hôte du tout premier Sommet des maires et chefs des Premières Nations du Québec, organisé conjointement avec l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL) et les deux associations représentant les villes québécoises.

« C'est une première, on n'a jamais pu faire un tel exercice », s'emballe Ghislain Picard, chef de l'APNQL. Il salue cette initiative qui vient répondre aux appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation, conclue en 2015.

Traditionnellement, la question autochtone relève des gouvernements fédéral et provincial. Les villes estiment toutefois que leur contribution est incontournable. « Les villes, c'est le gouvernement de proximité. Le bien vivre ensemble, la collaboration, ça ne s'établit pas dans les bureaux à Québec ou à Ottawa, ça se passe sur le terrain », dit Alexandre Cusson, président de l'Union des municipalités du Québec (UMQ), qui regroupe les grandes villes de la province.

« C'est nous qui avons la responsabilité de l'aménagement du territoire et de son développement économique. On doit faire partie de la discussion et on doit inviter l'ensemble des communautés à en faire partie », ajoute Jacques Demers, président de la Fédération québécoise des municipalités (FQM), qui regroupe les plus petites municipalités.

Certaines villes en font déjà beaucoup, mais elles partagent peu leur expérience entre elles, constate Jacques Demers. Il cite en exemple la centrale électrique de Val-Jalbert, copropriété de la communauté Mashteuiatsh, de deux Municipalités régionales de comté et de la municipalité de Chambord.

Le sommet d'aujourd'hui, qui se déroule à huis clos à l'hôtel de ville, cherchera d'ailleurs à présenter ces expériences. Le maire de Gaspé, Daniel Côté, et la chef de la nation micmaque de Gespeg, Manon Jeanotte, présenteront notamment leurs efforts de collaboration. Ils travaillent notamment à un affichage bilingue, soit en français et en micmac. Montréal évoquera quant à lui l'incorporation d'un symbole autochtone à son drapeau.

Ghislain Picard souhaite que le sommet d'aujourd'hui serve de source d'inspiration pour d'autres à travers la province. « C'est bien beau accomplir des choses avec Montréal ou Val-d'Or, mais est-il possible d'élargir cette tendance et d'impliquer d'autres municipalités ? »

L'UMQ indique que des villes sollicitent fréquemment son soutien afin de les aider à établir des partenariats avec les Premières Nations. « Plusieurs municipalités nous demandent notre avis, nos conseils, souhaitent qu'on les aide à établir une meilleure collaboration », rapporte Alexandre Cusson.

À l'issue du sommet, les participants prendront une série d'engagements pour améliorer la collaboration. Plusieurs espèrent déjà que la rencontre devienne un rendez-vous annuel. « Il faut mieux collaborer ensemble », résume Alexandre Cusson, de l'UMQ.

Si Ghislain Picard estime qu'il ne faut pas idéaliser le résultat d'un tel sommet, il représente néanmoins un important premier pas.