Disparue après avoir été abandonnée en pleine nuit par des policiers, Maina Aculiak a été retrouvée saine et sauve hier à Montréal

La disparition pendant cinq jours de Maina Aculiak, une patiente inuite vulnérable laissée à la sortie d'un poste de police en pleine nuit, doit servir de sonnette d'alarme pour le SPVM, a affirmé hier la mairesse de Montréal.

Mme Aculiak a été retrouvée saine et sauve en milieu de journée hier, a annoncé le SPVM.

« Elle a été localisée vers 11 h 55 au coin du boulevard Crémazie et de l'avenue Bloomfield », a indiqué Jean-Pierre Brabant, porte-parole du service.

Quelques minutes auparavant, en marge d'un point de presse, la mairesse de Montréal invitait sa police à réfléchir aux moyens de faire en sorte qu'une telle disparition ne se reproduise pas.

Mme Aculiak a été reconnue par un policier en congé. « Il a alerté ses collègues qui sont venus identifier la dame positivement », a ajouté M. Brabant. « La dame sera prise en charge dans les prochaines minutes. »

Sa famille s'inquiétait pour la sécurité de Maina Aculiak. « Elle ne connaît pas Montréal. Elle n'a personne ici. Elle ne parle à peu près pas anglais et le comprend mal  », avait expliqué, la veille, Paul Tookalook, le conjoint de Maina Aculia. « Elle prenait beaucoup de médicaments  » pour une douleur intense au bras, a-t-il ajouté, ce qui pourrait la rendre plus vulnérable : elle souffre de problèmes de dépendance.

« C'est triste, c'est inacceptable », avait affirmé la mairesse juste avant la bonne nouvelle.

« On ne veut pas qu'une personne qui est déjà dans une situation vulnérable se retrouve encore plus vulnérable comme c'est le cas pour cette dame. »

Selon Valérie Plante, la pratique qui consiste à fournir un billet d'autobus aux individus libérés d'un poste de police situé sur un boulevard industriel doit être revue.

« C'est une bonne occasion pour le SPVM de réfléchir à certains protocoles qui sont mis en place », a-t-elle dit. « Il faut peut-être que les processus à l'entrée et à la sortie soient revus. »

Hospitalisée depuis quatre mois

La femme de 48 ans avait été arrêtée l'après-midi de sa disparition à l'Institut de réadaptation Gingras-Lindsay, dans Côte-des-Neiges, où elle était hospitalisée. Elle avait profité d'une pause cigarette pour s'enivrer à la bière. Les agents l'ont emmenée se dégriser au centre opérationnel Ouest, sur le boulevard Thimens, avant de la libérer vers minuit.

Mercredi, M. Tookalook disait ne pas comprendre pourquoi les policiers n'avaient pas raccompagné sa conjointe jusqu'à sa chambre d'hôpital, à 9 km de là, où elle attendait une opération au bras.

Maina Aculiak est hospitalisée à Montréal depuis quatre mois, après avoir été heurtée délibérément par une auto de police dans son village inuit d'Umiujaq, à 1250 km au nord de Montréal. Elle avait proféré des menaces, était en crise et était possiblement en possession d'un couteau. La collision l'a laissée avec un poumon perforé, des organes vitaux lacérés et plusieurs os fracturés.

- Avec la collaboration d'Amin Guidara, La Presse