Même si le nouvel échangeur Turcot ne sera pas inauguré avant plus de deux ans, la nouvelle infrastructure en construction, au coût de 3,67 milliards $, est déjà pleine de graffitis.

«L'échangeur Turcot, c'est le paradis des graffitis», lance Jason Botkin, qui gagne sa vie en peignant des murales.

Le directeur et fondateur du projet «En masse» explique que la plaque tournante routière à Montréal est l'endroit idéal pour faire une oeuvre à grande échelle sans être interrompu. L'homme de 43 ans affirme qu'il n'y a pas beaucoup de risque, puisque cet endroit n'est fréquenté que par les artistes et les itinérants.

Le son de cloche est évidemment tout autre du côté du ministère des Transports, de la Mobilité durable et de l'Électrification des transports (MTQ).

Un porte-parole du MTQ, Benoît Lachance, invite ceux qui seraient tentés de peindre des graffitis à respecter les infrastructures publiques. Il rappelle que le retrait des graffitis est payé par les contribuables. M. Lachance n'était pas en mesure de préciser le montant annuel alloué à cette tâche.

La politique du ministère des Transports concernant les graffitis est de les effacer au moins une fois par année. La période de retrait des couleurs non originales est du 15 mai au 15 octobre de chaque année.

Benoît Lachance précise que tout message haineux peint doit être masqué dans la semaine suivant sa signalisation aux autorités. Les citoyens qui remarquent de tels messages sont donc invités à en informer le MTQ, puisqu'ils ne «sont absolument pas tolérés».

Si la peinture sur béton est un art pour certains, on retrouve surtout de simples logos ou signatures, communément appelés «tags», sur les nouveaux murs de béton du projet Turcot.

«Dans le monde du graffiti, c'est toujours illégal et on ne demande jamais la permission, soutient Jason Botkin, qui a peint professionnellement dans plusieurs pays depuis 2012. C'est une partie fondamentale de notre art, aussi importante que notre signature.»

Un enduit spécial est maintenant appliqué sur les nouvelles structures afin de faciliter le retrait de graffitis, d'après le MTQ. Ce produit, qui s'apparente à un vernis, simplifie le travail des nettoyeurs sans toutefois pouvoir empêcher quiconque de laisser sa trace.

Les nouvelles structures construites dans la cour et l'échangeur Turcot bénéficient de cette protection, selon Benoît Lachance.

Plus de 300 000 véhicules circulent quotidiennement sur l'échangeur Turcot. Il relie les autoroutes 15, 20 et 720, en plus de faciliter l'accès au pont Champlain, et de lier l'aéroport et le centre-ville de Montréal.

Les travaux devraient être complétés à la fin de 2020.