Une manifestation rassemblant les membres des groupes identitaires La Meute et Storm Alliance s'est déroulée dans un calme relatif, hier, à Montréal. En opposition à leurs revendications, des groupes antiracistes se sont présentés sur place. La forte présence policière a permis d'éviter les affrontements entre les deux groupes, mais un autobus de La Meute a été vandalisé.

« On était présents sur les lieux pour qu'il n'y ait pas de confrontation et pour que tous aient leur droit à la manifestation. Ça s'est dans l'ensemble très bien déroulé. Il y a eu des méfaits sur un autobus du groupe La Meute, mais je ne suis pas en mesure de dire de quel groupe faisaient partie les personnes à l'origine du méfait », a expliqué Véronique Comtois, porte-parole du Service de police de la Ville de Montréal (SPVM), au terme des rassemblements. La police a aussi rapporté deux arrestations, sans préciser à quel groupe appartenaient ces personnes.

Les groupes de la droite identitaire La Meute et Storm Alliance se sont rassemblés un peu avant 13h devant les bureaux de Citoyenneté et Immigration Canada, à l'angle des rues Saint-Antoine et Peel, au centre-ville de Montréal. Ils étaient plus de 200 à manifester contre la gestion de l'immigration du gouvernement fédéral. Drapeaux au logo de La Meute et fleurdelisés en main, ils scandaient « Vive la meute » et « On est Storm » en imitant des hurlements de loup.

« On était là pour demander au gouvernement Trudeau, mais aussi au provincial, qui est complice, qu'ils respectent la loi sur l'immigration. »

- Stéphane Roch, responsable des opérations au sein de La Meute

« Le Québec, le Canada, c'est un pays façonné, construit par des immigrants. La Meute, on est pour l'immigration. Mais on a un maximum qu'on peut atteindre et présentement, avec l'immigration illégale, le maximum est dépassé », a poursuivi M. Roch.

La Meute et Storm Alliance dénoncent l'arrivée d'immigrants irréguliers qu'ils qualifient d'« illégaux ». Or, ce statut n'existe pas en vertu de la Convention de 1951 relative au statut des réfugiés. Toute personne a le droit de traverser la frontière du Canada de façon irrégulière pour demander l'asile.

Opposition au mouvement

Environ 30 minutes après le début de la manifestation, des contre-manifestants de groupes antiracistes se sont présentés sur place. Ils se sont tenus aux extrémités de la manifestation des groupes identitaires, les confinant sur place.

« Finalement, La Meute n'a pas pu marcher, donc les groupes antiracistes et antifascistes ont réussi à bloquer leur manifestation », s'est réjouie Romina Hernandez, membre de Solidarité sans frontières.

Mme Hernandez avait rejoint le rassemblement à la place Valois, où les participants à la « Mobilisation antiraciste contre La Meute » s'étaient donné rendez-vous. Si elle ignorait qui, précisément, avait abîmé un autobus des sympathisants de La Meute, elle n'y voyait pas un acte de vandalisme.

« C'est une façon différente d'exprimer de la colère. Je crois que les gens qui ont un discours haineux, que la division est beaucoup plus dangereuse que de casser des fenêtres. »

Selon M. Roch, de La Meute, plusieurs fenêtres ont été fracassées et un bout de bois a été jeté à l'intérieur d'un autobus venu de Saguenay, alors que le chauffeur était à l'intérieur.

Les organisateurs de la « Mobilisation antiraciste contre La Meute » n'ont pas donné suite à la demande d'entrevue de La Presse.

Mis à part les méfaits sur l'autobus et une bombe fumigène venant du côté des militants antiracistes, l'événement s'est déroulé de façon pacifique. La double manifestation rassemblant des sympathisants aux idéologies diamétralement opposées s'est déroulée sous le regard de dizaines de policiers en tenue antiémeute.

Robert Skinner, La Presse

Un autre appel à la mobilisation a été lancé par des groupes de gauche, favorables à l'ouverture des frontières et voulant dénoncer les groupes identitaires qu'ils qualifient de « racistes ».

Trois jours de marche jusqu'à la frontière

Quelques heures avant que ne commence la manifestation des groupes de la droite identitaire, des militants oeuvrant auprès de personnes réfugiées arrivaient à la frontière canadienne, à Saint-Bernard-de-Lacolle, au terme de près de trois jours de marche. Ils avaient quitté Montréal vendredi en direction de la Montérégie, à la tête d'une caravane de bienvenue aux migrants. Pendant trois jours, la caravane souhaitait à la fois envoyer le message aux migrants qu'ils sont les bienvenus au Canada et sensibiliser les citoyens des municipalités visitées à la réalité de ces personnes en quête d'une terre d'accueil. L'initiative prenait fin près du chemin Roxham. « Nous nous sommes rendus à la frontière après trois jours à se promener de villes en villages. Les gens de partout ont reçu un message de solidarité et on a réussi notre objectif de les sensibiliser à la cause des réfugiés », a déclaré Romina Hernandez, de Solidarité sans frontières, qui avait aussi pris part à cet événement. 

- Avec La Presse canadienne