Le directeur général de la Société de transport de Montréal (STM), Luc Tremblay, a reconnu hier que les chauffeurs ont raison de se plaindre d'avoir à respecter des temps de parcours irréalistes sur certaines lignes d'autobus.

Il s'est dit toutefois « un peu surpris » que le syndicat des chauffeurs de la STM « en fasse une priorité des négociations » pour le renouvellement de la convention collective, échue depuis janvier dernier.

« On le sait qu'il y a un enjeu, dit le directeur général. Depuis deux ou trois ans, on a ajouté 45 000 heures de service juste pour améliorer les temps de parcours. On a investi 4,5 millions. On a créé des comités dans les huit centres de transport pour que les gens de la planification rencontrent les chauffeurs pour vérifier si leurs horaires tiennent la route. »

« On a aussi annoncé qu'on va réviser l'ensemble des 221 lignes de notre réseau bus. On a mis des heures, on a mis des sous, on a créé des comités, on va réviser les lignes. »

- Luc Tremblay, directeur général de la Société de transport de Montréal

« On va aussi avoir plus d'autobus, on en a déjà commandé 300. Mais ils vont arriver en 2020 », poursuit-il.

« On ne peut pas tout faire en deux semaines, a plaidé le directeur général. Donnez-nous du temps. »

QUALITÉ DE VIE EN JEU

Appelé à réagir aux propos de M. Tremblay, le président du Syndicat des chauffeurs d'autobus, opérateurs de métro et employés des services connexes au transport, Renato Carlone, s'est réjoui que la partie patronale reconnaisse les problèmes dans la conception des horaires de service de ses bus. Par contre, il ne partage absolument pas le point de vue du directeur général sur la place que cet enjeu doit occuper dans le cadre des négociations actuelles.

« Ben voyons donc, dit M. Carlone. C'est notre quotidien. C'est notre travail, ça touche notre qualité de vie. »

« Cent pour cent des chauffeurs dans l'île de Montréal vont vous le dire : ils n'ont pas un temps réaliste pour faire la job. »

- Renato Carlone, président du Syndicat des chauffeurs d'autobus, opérateurs de métro et employés des services connexes au transport

« Le chauffeur d'autobus ne doit plus avoir à choisir entre dépasser les limites de vitesse pour respecter le temps de parcours ou respecter les limites et se faire engueuler tous les jours par les usagers parce qu'il est en retard. Faut arrêter ça, une fois pour toutes », ajoute M. Carlone.

Le syndicat, dit-il, a déposé « un ensemble de propositions » à la table des négociations pour régler ce problème, dont la formation de comités permanents et paritaires pour planifier les trajets et leur durée.

FLEXIBILITÉ

« La STM dit qu'elle veut régler le problème, mais en 2018, c'est fini, les paroles. Ça va prendre des actions. Mes membres se rendent malades à cause de ce manque de temps là. C'est une priorité des négociations. Et on ne le fait pas uniquement pour nos membres, les usagers le méritent aussi. »

De son côté, le directeur général aimerait que le syndicat discute des demandes de la société concernant la « flexibilité » des horaires ou des affectations de service. La STM, dit-il, aimerait pouvoir affecter des chauffeurs sur demande à un centre de transport où il manque du personnel, ou disposer d'une banque de chauffeurs pouvant se rapporter à n'importe lequel des centres de transport, lorsque des besoins imprévus s'y présentent.

M. Carlone estime qu'une telle solution « peut régler un problème de personnel, mais ça ne réduit pas le temps de parcours réel sur les lignes de bus ».

En chiffres

1837

Nombre d'autobus 

1400

Nombre maximal d'autobus en service à l'heure de pointe 

Plus de 3600

Nombre de chauffeurs 

Environ 4500

Nombre de membres du syndicat des chauffeurs et opérateurs

221

Nombre de lignes d'autobus

Plus de 9000

Nombre d'arrêts

80,2 %

Taux de ponctualité du réseau en 2017

181 millions 

Nombre de passagers entrants par année

496 000

Moyenne de passagers entrants par jour