Le perdant d'un appel d'offres public est devenu le gagnant lorsque l'opposition officielle de Longueuil a exigé de reprendre le processus du début, avec le résultat d'une hausse de prix pour la municipalité.

C'est ce que révèlent les documents en annexe de l'ordre du jour de l'assemblée du conseil municipal qui doit se tenir ce soir. En effet, Paysagiste Rive-sud vient de remporter la soumission pour deux contrats d'entretien des terrains sportifs en gazon naturel à Longueuil.

En janvier dernier, cette même entreprise avait perdu au profit de Techniparc, un nouveau venu à Longueuil, qui offrait des prix inférieurs de 15 % à l'estimation de la Ville. Si le contrat est attribué à Paysagiste Rive-sud ce soir, pour une durée de cinq ans, la facture s'élèvera à 1 148 458 $ plutôt que 1 113 253 $, le prix proposé par Techniparc lors du premier appel d'offres.

Ces contrats ont soulevé de lourds débats au conseil municipal où la mairesse Sylvie Parent est minoritaire. En mars, l'opposition en a demandé le report au mois suivant. Puis en avril, la stratégie proposée par l'opposition officielle a été de retourner en appel d'offres pour qu'il y ait plus de soumissionnaires et de meilleurs prix.

Mais cela ne s'est pas produit. Les deux mêmes soumissionnaires ont présenté chacun une offre. Paysagiste Rive-sud a baissé ses prix et Techniparc les a haussés.

Que s'est-il passé dans l'intervalle ? Chez Techniparc, on explique que les contrats venant d'autres villes de la région ont afflué et que le « temps manque », ce qui fait une pression à la hausse sur les prix.

DOSSIER À L'UPAC

En avril, la mairesse Parent avait immédiatement soulevé des doutes quant aux véritables motifs de ses adversaires politiques. Elle disait craindre que l'opposition ait pu « céder aux pressions de firmes n'ayant pas obtenu lesdits contrats ». Le dossier a été transmis à l'Unité permanente anticorruption (UPAC).

L'opposition avait répliqué en faisant parvenir une mise en demeure à la mairesse pour qu'elle s'excuse publiquement. Sylvie Parent n'a pas reculé, et l'opposition officielle n'a pas déposé de poursuite ; elle a un an pour le faire, rappelait-on hier.

Ce revirement d'attribution de contrats sur fond de guerre politique étonne toutefois le propriétaire de Techniparc, Martin Theolis. « C'est très, très étrange, cette histoire-là. Je ne comprends pas pourquoi ils ont refusé ma [première soumission]. J'étais le plus bas soumissionnaire. J'avais un très bon prix », a-t-il expliqué à La Presse.

M. Theolis a soutenu n'avoir été en contact ni avec des élus ni avec son concurrent entre les deux appels d'offres. Paysagiste Rive-sud n'a pas rappelé La Presse.