Durement touché par les inondations en 2017, l'arrondissement de Pierrefonds-Roxboro teste de nouvelles digues mobiles afin de remplacer les sacs de sable et limiter davantage les dégâts lors des prochaines crues.

Edwin Romero garde un vif souvenir des inondations de l'an dernier. Contremaître pour Pierrefonds, c'est lui qui avait reçu l'appel du premier citoyen à voir sa maison envahie par les eaux de la rivière des Prairies. Pendant des jours, ses collègues et lui ont travaillé sans relâche pour remplir, déplacer et empiler des sacs de sable afin de tenter d'endiguer les flots. « C'était dur pour les équipes, tant physiquement que moralement », se rappelle-t-il.

Le travail d'Edwin Romero pourrait être grandement facilité lors des prochaines inondations puisque Pierrefonds a décidé de tester des digues mobiles. Ainsi, même si le risque d'inondation est faible ce printemps, l'arrondissement de l'Ouest-de-l'Île a déployé hier deux barrières dans les rues Dauville et Noël afin de tester deux systèmes.

Les deux digues mobiles testées sont composées de structures en plastique rappelant des blocs de béton, qui s'emboîtent l'une dans l'autre pour former une barrière. Chaque bloc pesant à peine 25 lb, une équipe de trois employés peut ainsi ériger une digue complète en une heure à peine. En comparaison, une barrière similaire nécessiterait de 300 à 400 sacs de sable, ce qui monopoliserait une vingtaine de personnes pendant cinq à six heures.

« On ne peut pas arrêter toute la rivière avec cela, mais à des endroits stratégiques, ça va être utile. »

- Johanne Palladini, porte-parole de l'arrondissement de Pierrefonds-Roxboro

Les barrières sont également plus stables que les sacs qui peuvent bouger sous la force de l'eau. Autre avantage, les digues mobiles peuvent être réutilisées d'une année à l'autre, contrairement aux sacs de sable qui sont considérés comme contaminés après utilisation et doivent être jetés.

PAS INFAILLIBLE

Même si elles sont plus efficaces, ces barrières ne remplaceront pas complètement les bons vieux sacs de sable. En effet, celles-ci ont besoin d'une surface plate et ne sont donc pas appropriées sur les terrains accidentés.

Pierrefonds a d'ailleurs commandé 30 000 sacs de sable ce printemps pour faire face à une possible crue des eaux. L'arrondissement avait été durement critiqué l'an dernier après s'être départi de ses sacs trop rapidement. « On a beaucoup appris avec la crise l'année dernière », assure Dimitrios Jim Beis, maire de Pierrefonds-Roxboro. Son administration évalue avoir dépensé plus de 100 000 $ en nouvelles mesures pour tenter de faire face à de nouvelles inondations.

Les barrières étant uniquement à la phase du test, Pierrefonds en a acheté 24 unités. Puisqu'il en faut six pour sceller l'extrémité d'une rue, on évalue qu'on pourrait installer quatre de ces barrières pour l'heure. Si les tests s'avèrent concluants, Pierrefonds envisage toutefois d'en acheter davantage.

Après avoir testé ses digues mobiles, l'arrondissement dit qu'il travaillera à long terme sur des installations permanentes afin de protéger certains secteurs. On doit toutefois faire ce travail avec le gouvernement pour éviter que des correctifs à Pierrefonds n'aggravent la situation ailleurs, comme à Ahuntsic par exemple. Mais déjà, des digues permanentes qui n'avaient pas tenu l'an dernier ont été rehaussées pour éviter de nouveaux débordements.

Le risque d'inondation est très faible présentement. Les inondations commencent à se produire lorsque le débit de la rivière atteint le seuil des 2550 m3/s, alors que le débit actuel est de 2059 m3/s.