Puiser dans les surplus accumulés. Hausser la taxe locale. Réduire les services. Les 19 arrondissements de Montréal préviennent qu'ils devront continuer à se serrer la ceinture, alors que l'administration Plante-Dorais maintient un cadre budgétaire serré pour 2018. Exaspéré, le maire de Rosemont a dit espérer la fin de l'« austérité ».

Faible indexation

Les arrondissements ont entrepris cette semaine d'adopter leurs prévisions budgétaires pour la prochaine année, le président du comité exécutif, Benoit Dorais, leur ayant donné jusqu'à vendredi. Montréal doit attendre de recevoir leurs projections financières avant de mettre la touche finale à son propre budget 2018, qui doit être présenté au retour des vacances des Fêtes. Or, l'exercice s'avère difficile pour les arrondissements, la ville-centre leur ayant accordé une hausse de seulement 1 % de leurs transferts. C'est bien peu quand on tient compte du fait que les salaires des employés - qui représentent plus des deux tiers de leurs dépenses - augmentent de 2 % par année en moyenne.

« Austérité » municipale

Plusieurs maires d'arrondissement - dont certains siègent eux-mêmes au sein de l'administration Plante-Dorais - n'ont pas caché leur exaspération devant cette rigueur budgétaire qui dure depuis plusieurs années. « Il vient un temps où cette période d'austérité doit se terminer parce que ce n'est pas vrai qu'à force de couper, on peut maintenir les services. C'est un mensonge. Si on veut maintenir des services, il faut investir dans ces services », a déploré François Croteau, maire de Rosemont-La Petite-Patrie et membre du comité exécutif.

Hausse de la taxe locale

Pour boucler son budget, Rosemont a annoncé lundi soir qu'il comptait augmenter substantiellement sa taxe locale. L'arrondissement a toutefois indiqué hier que des « ajustements » seront apportés au budget. Selon les informations préliminaires dévoilées lundi soir, la taxe locale pourrait passer de 4,4 cents par 100 $ d'évaluation à 7,45 cents par 100 $. Cette hausse coûterait près de 140 $ de plus en moyenne aux propriétaires de Rosemont. En augmentant sa taxe locale, l'arrondissement irait chercher 5,2 millions de plus. « L'enveloppe budgétaire demeure insuffisante pour absorber l'indexation de la masse salariale et l'obligation liée à la gestion des postes vacants », précise un document budgétaire présenté lundi.

Réduction du personnel

Les documents présentés par les arrondissements indiquent également que la nouvelle administration poursuit le Plan quinquennal de main-d'oeuvre (PQMO) mis en place sous Denis Coderre et qui prévoit la suppression d'un poste sur deux laissé vacant, à l'exception des policiers. Ce point sera certainement mal reçu chez les syndicats : plusieurs espéraient que l'arrivée de Projet Montréal mettrait un terme à cet exercice qui visait à réduire la masse salariale de la métropole. Le PQMO s'étendant de 2014 à 2018, il reste donc à savoir quelle politique la nouvelle administration mettra en place à partir de 2019.

Surplus accumulés sollicités

Tout comme Rosemont, l'arrondissement d'Anjou a aussi indiqué qu'il comptait augmenter la taxe locale. La hausse sera toutefois moins élevée, puisqu'elle devrait se limiter à 1 cent par 100 $ d'évaluation, ce qui devrait contribuer à faire grimper le compte de taxes des Angevins d'une cinquantaine de dollars en moyenne. « Ce n'est pas normal que la taxe locale soit en constante augmentation alors que notre dotation [transferts de la ville-centre] soit en constate décroissance », a déploré Luis Miranda, maire du secteur. Pour limiter la hausse, Anjou a aussi décidé de puiser un peu plus de 1 million dans ses surplus accumulés pour boucler son budget. Luis Miranda prévient toutefois que les surplus accumulés ont fondu comme neige au soleil. « Il n'y a plus de marge de manoeuvre, c'est de plus en plus difficile. »

Changements espérés

Le maire d'Anjou n'a pas voulu blâmer la nouvelle administration, disant vouloir « donner la chance au coureur ». Il espère toutefois voir Valérie Plante proposer des solutions au financement des arrondissements en cours d'année afin de leur donner de l'oxygène en vue du budget de 2019. Parmi les changements qu'il espère, il souhaite notamment le départ du directeur général de la Ville, Alain Marcoux, à qui il attribue la faible indexation des budgets des arrondissements et le PQMO. « Il faut que [Valérie Plante] se trouve un nouveau directeur général pour mettre en place de nouvelles façons de faire », a-t-il confié en entrevue.

Service en péril en bibliothèque

À Lachine aussi, on a dû se résoudre à puiser dans les surplus, cette fois pour éviter une réduction des heures d'ouverture de la bibliothèque de l'arrondissement. La nouvelle mairesse, Maja Vodanovic, a en effet dénoncé la décision de la ville-centre prise l'été dernier de réduire de 321 000 $ le financement pour sa bibliothèque en raison du faible nombre de prêts de livres. L'élue a qualifié cette décision de coupe « injuste » et dit vouloir la contester afin qu'on tienne compte de l'achalandage. Mais à court terme, l'arrondissement devra puiser dans son bas de laine pour éviter de réduire à 53 les heures d'ouverture de sa bibliothèque, plutôt que les 70 offertes actuellement.