Le site d'injection supervisée de Spectre de rue ouvrira ses portes aux usagers de drogues injectables la semaine prochaine, et ce, malgré les craintes soulevées par les parents d'enfants qui fréquentent l'école primaire située à un jet de pierre de là.

Des craintes d'ailleurs balayées du revers de la main par la Direction de la santé publique de Montréal.

L'ouverture la semaine prochaine du site de la rue Ontario a été confirmée ce mercredi par un porte-parole du Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux (CIUSSS) du Centre-Sud-de-l'Île-de-Montréal, qui gère le projet.

Une journée «portes ouvertes» est d'ailleurs prévue demain pour les résidants du quartier Centre-Sud.

Le site pourra accueillir ses premiers usagers de drogues injectables la semaine prochaine puisqu'il vient de recevoir l'exemption finale nécessaire de Santé Canada, a indiqué à La Presse Jason Champagne, porte-parole du dossier de la santé mentale au CIUSSS ce mercredi.

Les parents de l'école Marguerite-Bourgeoys - établissement qui se trouve à 200 m du site d'injection supervisée - ont multiplié les sorties publiques ces derniers mois pour réclamer l'ajout de mesures de sécurité pour les enfants.

Les parents demandent notamment la modification de l'horaire d'ouverture du site pour éviter que les enfants ne croisent les usagers de Spectre de rue. 

Les parents ont même fait appel à l'avocat Julius Grey - un avocat renommé - pour faire entendre leur cause.

Le CIUSSS et le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) se veulent rassurants. L'heure d'ouverture du site a été repoussée d'une heure - soit à 9h30 le matin (heure à laquelle les enfants sont déjà en classe) plutôt qu'à 8h30 tel que prévu à l'origine - pour répondre aux inquiétudes des parents, assure M. Champagne du CIUSSS. 

«Ce n'est pas un endroit criminogène, explique de son côté le commandant du PDQ 22 Simon Durocher. On a analysé les appels au 911 et les événements criminels du secteur et ce n'est vraiment pas un secteur problématique.»

Le commandant Durocher affirme comprendre les inquiétudes des parents, sans toutefois les partager. «C'est une plus-value pour le secteur», dit-il, puisque les toxicomanes cesseront de s'injecter de la drogue dans les parcs et les ruelles. Il promet d'envoyer ses policiers patrouiller fréquemment ce secteur de la rue Ontario pour rassurer la population même s'il n'a aucun indicateur que la sécurité des résidants soit à risque.

Spectre de rue offre des services aux toxicomanes depuis 20 ans sur la rue Ontario sans qu'il n'y ait eu le moindre incident dans le corridor scolaire, ajoute la  Dre Carole Morissette, médecin-conseil à la Direction de la santé publique de Montréal.

«Il n'y a pas de menaces à la sécurité des enfants», insiste la Dre Morissette.

L'organisme communautaire Spectre de rue reçoit un peu plus de 8000 visites de toxicomanes par an. De ce nombre, 80% des usagers sont des résidants du secteur. «Avant l'arrivée de Spectre de rue, il y avait des seringues à la traîne partout dans Centre-Sud. Les toxicomanes n'avaient nulle part où aller, affirme Dre Morissette. La qualité de vie dans le quartier va s'améliorer davantage avec l'ouverture du site d'injection supervisée plutôt que l'inverse.»

Le site d'injection supervisée de Spectre de rue sera ouvert de 9h30 à 18h en semaine et de 10h à 16h le week-end.