Les douaniers canadiens du poste frontalier de Saint-Bernard-de-Lacolle sont débordés par le flux de migrants sans précédent alors qu'ils entament leur fin de semaine la plus occupée de l'année avec le retour des vacanciers de la construction, signale le président de leur syndicat.

Les troupes sont «extrêmement fatiguées», a affirmé samedi le président du Syndicat des douanes et de l'immigration, Jean-Pierre Fortin. Ceux de la GRC aussi, fait-il remarquer.

Selon les estimations du syndicat, de 450 à 700 migrants franchissent la frontière chaque semaine. Samedi matin, environ 700 réfugiés étaient en attente aux douanes de Saint-Bernard-de-Lacolle.

La situation est à ce point critique que seul le travail préliminaire d'identification et de vérification de la sécurité est effectué à la frontière. Les demandes sont ensuite traitées à Montréal.

L'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) a répondu par courriel à La Presse canadienne qu'elle fait son possible pour que ses agents du poste frontalier de Lacolle «aient tout le soutien dont ils ont besoin».

L'ASFC affirme notamment avoir loué des locaux à proximité. Elle a aussi eu recours aux heures supplémentaires.

Des douaniers de partout au pays sont appelés en renfort pour aider leurs confrères québécois, mais selon le chef syndical, la situation demeure laborieuse.

«Ils doivent se familiariser avec les installations, explique-t-il. Il n'y a pas assez d'ordinateurs pour tout le monde. Si ça avait été prévu, les infrastructures l'auraient aussi été.»

M. Fortin blâme la direction d'avoir attendu d'être en situation de crise pour réagir.

Les douaniers s'attendent à ce que le flux de migrants se maintienne au cours des prochaines semaines. M. Fortin prédit même que la capacité actuelle du Stade olympique, portée à 1050 places vendredi soir, devrait être atteinte d'ici la fin de la semaine prochaine.

Or, ceux qui supervisent l'installation des migrants dans les différents lieux d'hébergement temporaire déplorent que le président du syndicat prédise le pire des scénarios.

«Il est un peu alarmiste», lance la présidente-directrice générale adjointe du CIUSSS du Centre-Ouest de l'île de Montréal, Francine Dupuis. Elle explique que des migrants arrivent dans les installations, mais s'en vont également.

Mme Dupuis admet «qu'il en rentre plus qu'il en sort et que le roulement n'est pas aussi rapide qu'il devrait l'être».

C'est toutefois un engorgement à court terme, soutient Francine Dupuis. Elle souligne que les gouvernements provincial et fédéral songent à augmenter le nombre d'employés affectés au traitement des demandes, ce qui devrait permettre d'accélérer le roulement dans les lieux.

Son organisation évalue par ailleurs d'autres locaux qui pourraient être disponibles.

La direction du stade olympique n'envisage pas d'ouvrir davantage d'espace, mais examinerait la situation si les responsables de l'accueil des réfugiés le leur demandent.

«Il y a toujours de la place au stade. C'est grand et vaste», résume son porte-parole Cedric Essiminy.

Des manifestations en faveur et contre l'arrivée des migrants sont prévues dimanche devant le stade olympique.