L'opposition à la fermeture du YMCA du Complexe Guy-Favreau à Montréal continue à prendre de l'ampleur, une semaine après que le couperet est tombé sur le centre sportif et communautaire qui dit être étranglé par le loyer exigé par Ottawa.

L'organisation qui chapeaute tous les YMCA de la province a jugé qu'elle ne pouvait payer 240 000 $ par année pour sa succursale située à la jonction du Quartier chinois et du centre-ville.

Depuis l'annonce, une pétition a été lancée par la députée néo-démocrate du secteur et plusieurs citoyens ont fait connaître leur mécontentement. Une vague d'opposition naît même au sein du gouvernement, alors que des fonctionnaires fédéraux ont lancé une campagne pour garder leur centre ouvert.

« On est plusieurs à avoir manifesté notre mécontentement par rapport à la fermeture éventuelle du YMCA et à avoir fait des démarches auprès des comités mieux-être », chargés de favoriser la santé des employés du gouvernement, a indiqué la fonctionnaire fédérale Chantal Comtois, qui travaille au Complexe Guy-Favreau.

Mme Comtois s'entraîne plusieurs midis par semaine au YMCA. Le gouvernement a « des priorités en matière de santé mentale et [il va] couper des possibilités que les employés puissent maintenir de saines habitudes de vie », a-t-elle déploré.

« UN TÉMOIGNAGE EXTRAORDINAIRE »

« La vague d'opposition, c'est pour nous un témoignage extraordinaire de l'impact qu'on a eu dans cette communauté », a affirmé en entrevue Stéphane Vaillancourt, grand patron des YMCA du Québec. « Vous savez, quand on travaille tous les jours à accueillir des gens qui ont des différences, à accueillir des gens qui ont besoin de reprendre leur vie en main, [...] qui ont besoin de briser l'isolement, on fait une différence dans leur vie. Mais on ne l'entend pas tous les jours. Là, c'est un concentré de remerciements, de témoignages et de choc. »

Entre 1986 et 2006, seul un loyer symbolique était exigé du YMCA. Le montant a ensuite commencé à augmenter et il atteindra un quart de million de dollars pour l'année prochaine.

Services publics et Approvisionnement Canada (SPAC), propriétaire de l'immeuble, a refusé la demande d'entrevue de La Presse. « Le taux de location d'espaces commerciaux dans les édifices gouvernementaux fédéraux sont fixés selon la valeur du marché, a indiqué Sonia Tengelsen, chargée de communications pour le Ministère dans un courriel. « SPAC a proposé trois options de bail qui reflétaient les conditions actuelles du marché. Le YMCA a décliné ces trois options. »

M. Vaillancourt espère toujours sauver le centre, très fréquenté par la communauté chinoise : la gratuité du loyer pendant 20 ans était d'ailleurs une compensation prévue par l'État pour avoir détruit une partie du Quartier chinois afin de bâtir le complexe Guy-Favreau, a-t-il expliqué.