Reçus électroniques, design uniforme, chauffeurs mieux formés, chasse aux véhicules illégaux: la porte est ouverte à des changements majeurs dans l'industrie montréalaise du taxi, avec la création d'une société paramunicipale qui aura le mandat d'en assurer le développement.

Annoncé cet après-midi à l'hôtel de ville, ce Bureau du taxi comptera 11 membres, dont trois élus municipaux. Trois personnes représenteront la clientèle, et une autre, l'industrie touristique. Quatre élus seront issus de l'industrie elle-même, notamment les propriétaires et les 11 000 chauffeurs. Ses activités commenceront officiellement le 3 juin prochain.

L'initiative a été saluée par les représentants des propriétaires, qui estiment qu'elle répond à toutes leurs demandes importantes depuis des décennies. Louise Harel, chef de Vision Montréal, qui réclamait la création de cette paramunicipale, y a vu «un souffle nouveau pour l'industrie du taxi».

Un geste «audacieux»

Le nouvel organisme à but non lucratif remplacera l'actuel Bureau du taxi et du remorquage, qui relève du Service de police de la Ville de Montréal et s'occupe essentiellement de l'émission des permis et des inspections. Pour Réal Ménard, responsable du dossier du transport au comité exécutif, le changement n'est pas que cosmétique.

«C'est un geste extrêmement audacieux, original et inédit: l'industrie du taxi avait l'impression d'être un parent pauvre, dit M. Ménard. Maintenant, ce sont les gens concernés qui vont prendre les décisions. La différence, c'est un solide parti pris pour la concertation.»

L'ancien Bureau du taxi sous l'égide du SPVM était «avait un côté répressif», indique son collègue, Christian G. Dubois, responsable de la sécurité publique au comité exécutif.

Les quatre représentants de l'industrie seront élus par la poste d'ici le 23 mai prochain. Les trois élus municipaux seront désignés par le conseil d'agglomération, et l'un d'entre eux sera désigné président du conseil d'administration. Leur présence rassure Max Louis Rosalbert, vice-président du Regroupement des propriétaires de taxi de Montréal (RPTM), qui les voit comme des courroies de transmission avec le conseil municipal.

«L'ancien Bureau du taxi appliquait des règlements; maintenant, il va faire de la réglementation et du développement, explique-t-il. L'industrie du taxi n'a jamais eu de développement: les centres d'appel n'ont rien fait, ils se battent entre eux. Maintenant, les élus seront nos porte-parole quand nous déciderons quelque chose.»

Haro sur les illégaux

Les demandes de l'industrie sont nombreuses et ont fait l'objet d'une vaste consultation à l'automne 2010. On s'est notamment inquiété de la sécurité des chauffeurs et des utilisateurs, plaider pour une formation adéquate, suggérer l'uniformité des couleurs des voitures et demander qu'on lutte contre la pratique du taxi illégale.

Cette dernière recommandation est «le premier défi» du nouveau Bureau du taxi, explique Réal Ménard. «Les taxis-limousine et les offres sur Internet font que des centaines de milliers de dollars échappent aux travailleurs honnêtes.» Il a été cependant incapable de chiffrer l'ampleur de ce phénomène.

Pour le vice-président du RPTM, la situation s'est dégradée en raison du manque de volonté au sein de l'ancien Bureau du taxi. «S'il avait fait son travail, on n'en serait pas là.»

On s'attend à ce que le Bureau du taxi de Montréal puisse s'autofinancer, essentiellement grâce à l'émission des permis. La quinzaine d'employés de l'actuel bureau, doté d'un budget de 2,3 millions, seront mutés.