Faut-il imposer l'immatriculation des vélos et forcer les cyclistes à passer un test avant de monter en selle? La croisade d'un commerçant dans la capitale américaine du vélo, Portland en Oregon, déchaîne les passions aux États-Unis,et le débat gagne le Canada.

Bob Huckaby en a assez des cyclistes qui ne respectent pas les règles de la circulation. Son irritation a fait place à la colère, en août, quand la Ville de Portland a restreint la circulation automobile dans la rue de son commerce dans l'espoir de réduire le nombre d'accidents. «Ils ont pénalisé les automobilistes, alors que ce sont les vélos qui ne respectent pas la signalisation», tonne le commerçant.

Depuis, Bob Huckaby fait campagne pour forcer la tenue d'un référendum qui obligerait tous les cyclistes de l'Oregon à immatriculer leur bicyclette. L'Américain veut aller plus loin encore pour réduire le nombre de cyclistes, puisqu'il souhaite également les obliger à passer un test de connaissance des règles de la circulation afin d'obtenir un permis avant de pouvoir circuler. «Nos rues n'ont pas été conçues pour accueillir autant de vélos, et les cyclistes sont indisciplinés.»

Le «permis de rouler» coûterait 12$ et la plaque d'immatriculation, 55$ par vélo, le tout renouvelable tous les quatre ans, expose le commerçant. «Avec une plaque d'immatriculation, les cyclistes pourraient recevoir des contraventions s'ils grillent un feu rouge devant un radar. Les policiers pourraient leur envoyer une contravention par courrier s'ils n'arrivent pas à les intercepter», explique M. Huckaby.

87 000 signatures

Pour avoir une chance de voir la loi modifiée, le commerçant doit recueillir 87 000 signatures d'ici à la fin de l'année 2013 afin d'inscrire sa question référendaire à l'élection de mi-mandat de 2014.

La croisade de Bob Huckaby a soulevé l'ire, aux États-Unis, des groupes de promotion du transport à bicyclette. «L'immatriculation des vélos revient fréquemment dans l'actualité et a toujours échoué. L'Oregon a envisagé cette mesure en 1999, en 2003, en 2009 et en 2011. Chaque fois, on a conclu qu'une telle mesure était impossible à gérer et ne représentait qu'une perte d'argent», a vivement réagi la Bicycle Transportation Alliance.

Faux, rétorque Bob Huckaby. «Le système d'immatriculation des véhicules est déjà en place, alors il ne faudrait rien ajouter. Au contraire, on pourrait même faire plus d'argent avec les frais.»

Débat au Canada

Le débat a déjà traversé la frontière cette semaine après la publication d'un sondage Forum Research dans les pages du Toronto Star. Les deux tiers (65%) des 900 Torontois sondés se sont dits d'accord avec l'idée d'immatriculer les vélos. Ils estiment que la mesure pourrait inciter les cyclistes à respecter davantage la signalisation. Les droits perçus pourraient servir à financer l'entretien et l'aménagement des pistes cyclables de la même façon que les péages contribuent à entretenir les routes.

La Ville de Toronto n'envisage pas l'immatriculation pour l'instant, mais les résultats du sondage pourraient l'inciter à aller de l'avant. En effet, les trois quarts des partisans du maire Rob Ford appuient la mesure.