Le maire de Lachine, Claude Dauphin, n'est pas près de retrouver son siège de président du conseil municipal de Montréal.

Selon le numéro deux de la Ville, Michael Applebaum, il serait directement visé par un nouveau rapport, déposé il y a deux semaines par le contrôleur général Alain Bond et transmis à la Sûreté du Québec. Il contiendrait des «allégations très sérieuses» sur sa gestion des affaires de l'arrondissement, a déclaré hier M. Applebaum.

M. Dauphin a rejeté ces accusations, en les qualifiant de «mémèring» et d'«insinuations» sans fondement.

La semaine dernière, la chef de l'opposition, Louise Harel, a demandé à l'administration Tremblay de régler ce dossier à l'amiable et de permettre à M. Dauphin de redevenir président du conseil municipal. «Il n'en est pas question», a répliqué M. Applebaum, en marge d'un point de presse sur le financement des arrondissements. M. Dauphin s'est retiré de son poste de président en mai 2011, dans la foulée de la controverse de l'espionnage à l'hôtel de ville.

Tout comme pour le vérificateur général, on a alors appris que les courriels de M. Dauphin avaient été interceptés. Celui-ci a déposé une poursuite de 250 000$ contre la Ville de Montréal pour atteinte à sa réputation et violation de sa vie privée.

Nouveau contrôleur, nouvelle enquête

Peu après, le Service du contrôleur général, dirigé depuis décembre dernier par Alain Bond, a mené une nouvelle enquête sur la gestion de l'arrondissement de Lachine, a déclaré M. Applebaum. Réalisée auprès de fonctionnaires, l'enquête a débouché sur un rapport qui a été saisi «il y a deux ou trois semaines» par l'escouade Marteau de la Sûreté du Québec.

Il a été impossible de prendre connaissance de ce rapport, classé confidentiel.

«M. Dauphin y est cité, a révélé le président du comité exécutif. Des fonctionnaires ont expliqué certains gestes qu'ils ont posés par la façon dont M. Dauphin a agi. Après avoir vu ce rapport, je ne pense pas que ce soit le moment opportun pour le nommer à la tête du conseil municipal.»

Claude Dauphin, qui a également pris connaissance du rapport, assure qu'il n'est aucunement incriminant à son endroit. «Il n'y a rien dans ce rapport-là, d'abord parce que le contrôleur général n'a aucune compétence sur les élus. Certains fonctionnaires ont peut-être eu des états d'âme, mais il n'y a pas de "faits troublants" ou d'allégations "très sérieuses". C'est une diversion, on se sert de ça comme prétexte.»

Le maire de Lachine, en poste depuis 2001, reconnaît qu'il a tendance à «pousser certains dossiers» qui lui tiennent à coeur, mais «il n'y a rien de mal là-dedans». Visé depuis février 2010 par une enquête policière liée à une subvention accordée à une entreprise de son arrondissement, M. Dauphin assure qu'«à [sa] connaissance, le dossier a été fermé».