Amputer une partie de la piétonnisation de la rue Sainte-Catherine l'été prochain serait «inacceptable», «une démission» devant les incivilités et la vente de drogue qui sévissent dans le secteur, estime la chef de Vision Montréal, Louise Harel.

En point de presse, la chef de l'opposition a plutôt suggéré une augmentation de la visibilité policière, combinée à une «programmation bonifiée», pour redonner la rue aux passants et touristes. Elle a qualifié ces propositions de «conditions gagnantes» qui pourraient être mises en place rapidement. «Le compte à rebours est commencé, nous sommes à deux mois de l'ouverture des terrasses», a souligné Mme Harel.

La semaine dernière, lors d'une séance du conseil de l'arrondissement de Ville-Marie, le maire Gérald Tremblay a évoqué la possibilité d'amputer l'espace piétonnier dans la rue Sainte-Catherine l'été prochain. Le segment entre les rues Amherst et Berri, où on trouve notamment la place Émilie-Gamelin, serait de nouveau accessible aux automobiles.

«Il y a beaucoup d'incivilités liées à la présence de sans-abri, et on y fait de la vente de drogue à ciel ouvert, note François Robillard, conseiller de Vision Montréal dans le district Saint-Jacques et président du comité pour la sécurité publique de l'arrondissement. Mais ce serait un recul d'enlever ce tronçon à la piétonnisation. Il faut prendre l'initiative pour occuper de façon agréable et sécuritaire cette potion de la rue Sainte-Catherine. Il faut repenser l'animation, l'occupation du domaine public.»

En poussette ou en marchette

Les six policiers qui patrouillent dans le secteur l'été devraient avoir du renfort, estime Réal Ménard, maire de l'arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve et vice-président de la Commission sur la sécurité publique. «La piétonnisation fait partie de l'identité de Montréal. Le Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) reconnaissait lui-même que c'est une histoire de réussite. S'il s'avérait nécessaire de passer à huit policiers, après analyse, on s'attend à ce qu'on offre ce service-là.»

Les policiers, pour être plus visibles et efficaces, devraient être à pied ou à vélo, estime M. Ménard.

Quant aux coûts supplémentaires engendrés par ces renforts, ils représenteraient une fraction des revenus engrangés par la Ville. «L'occupation a bénéficié de la piétonnisation, dit Mme Harel. Les commerces vacants sont passés de 19% à 10%.»

Elle enjoint au Partenariat du Quartier des spectacles, responsable de la place Émilie-Gamelin, et à la Société de développement commercial du Village de se coordonner pour offrir une meilleure animation. «Le pire qui pourrait se produire, c'est d'accepter, de se résigner et de baisser les bras. On souhaite que ce soit un lieu sécuritaire pour que les familles y aillent en poussette, ou les personnes âgées en marchette.»

Par communiqué, l'arrondissement de Ville-Marie a assuré qu'il n'a «aucunement» l'intention de mettre un terme à la piétonnisation ou interdire les terrasses entre Berri et Amherst. Mieux, d'ici deux ou trois ans, on espère étendre l'aire réservée aux piétons jusqu'à la rue De Bleury. Le SPVM a toutefois «soulevé des enjeux évidents liés à la sécurité, plus particulièrement autour de la station de métro Berri-UQAM». Le retrait de ce tronçon de la piétonnisation l'été prochain fait partie des «divers scénarios» actuellement à l'étude.

«La décision n'a pas encore été prise; elle sera connue dans quelques semaines», précise la porte-parole de l'arrondissement, Anik de Repentigny.