Pour fêter le 375e anniversaire de Montréal, devrait-on rendre le fleuve Saint-Laurent enfin accessible à tous? Rééditer l'Expo 67? Faire de la métropole la ville la plus verte au monde? Ou, plus simplement, essayer d'en faire le premier événement rassembleur depuis les fusions de 2001?

Les rêves les plus fous côtoieront les projets modestes d'ici 2017, en préparation des festivités de cet anniversaire inusité. C'est ce qu'on a pu constater hier, alors qu'un demi-millier de personnes ont officiellement clos la première étape, celle de la large consultation menée depuis le printemps dernier.

Premier constat: l'événement se cherche encore une image de marque distinctive. Aucun projet précis n'a été annoncé, l'événement tenu à la TOHU ayant surtout servi à «resserrer les rangs» des acteurs de cette consultation, a expliqué Nicole Boudreau, directrice du bureau du 375e à la Ville, créé en mars 2010.

Près de 700 fonctionnaires municipaux, de responsables d'organismes, de membres de la société civile et d'élus ont participé à cette opération menée par l'Office de consultation publique de Montréal.

«Il nous reste maintenant 2017 jours pour finaliser la programmation et choisir les legs à laisser», a précisé Michel Bissonnet, responsable du 375e au comité exécutif.

En point de presse, il a refusé de mettre quelques exemples de «legs» sur la table, précisant qu'on en choisirait quatre ou cinq parmi les huit actuellement étudiés.

«Le parc Jean-Drapeau, il va y avoir quelques surprises là... Il va y avoir des legs importants, des legs privés aussi. Le boulevard Champlain à Québec, à l'occasion du 400e, c'est un exemple. Nous, chaque fois qu'on rencontre un ministre, on fait des demandes.»

«Un prétexte»

Toute la journée, plusieurs idées ont constamment été reprises. L'accès aux rives du fleuve Saint-Laurent, les investissements massifs dans les transports en commun, l'aménagement du canal de Lachine, la construction d'une promenade dans le Vieux-Montréal, la promotion d'une ville «cool», «ouverte», «relax», «verte» et «bleue»: toutes les occasions seraient belles pour «emmener Montréal à des hauteurs jamais vues», a déclaré Louise Roy, présidente de l'OCPM.

Le rapport des consultations, déposé à cette occasion par son organisme, permet d'avoir quelques exemples de projets proposés. On souligne d'abord avec lucidité que les 375 ans d'existence ne constituent «pas vraiment un anniversaire distinctif», mais qu'on pourrait utiliser l'événement comme prétexte pour «se débarrasser de la morosité ambiante».

D'autres ont souligné un fait intéressant: ces festivités, qui servent aussi à souligner les 50 ans de l'Expo 67 et les 150 ans de la Confédération, sont les premières d'importance depuis les fusions de 2001.

«La greffe n'a pas encore pris», a rappelé un participant. Il faudra faire de cette fête un événement «rassembleur», a convenu Michel Bissonnet. «Ça prend un certain temps, une greffe. C'est sûrement une façon d'impliquer tous les arrondissements, pour mieux les connaître.»

Libéraliser la gastronomie

L'élu municipal se rebiffe cependant quelque peu quand on lui demande si ces festivités pourraient être l'équivalent de l'Expo 67, comme l'ont suggéré quelques personnes consultées. «Ce seront des fêtes de la simplicité. Actuellement, c'est un budget minime, de l'ordre de 1,5 million sur trois ans, avec sept ou huit personnes qui y travaillent.»

Quelques idées originales et peu coûteuses ont éveillé la créativité des personnes consultées: faire symboliquement de l'année du 375e, par exemple, une année de 375 jours. Planter 375 arbres, ou créer l'équivalent d'Habitat 67 qui s'appellerait le 375. «Embrasser la nordicité» de Montréal en accordant à l'hiver une place importante dans la programmation.

Et ce consensus presque révolutionnaire: permettre l'augmentation du nombre de marchés publics et déréglementer la vente ambulante de nourriture, interdite depuis 1947. Le lien entre la gastronomie et le 375e anniversaire de Montréal est «évident» pour les participants, conclut le rapport de l'OCPM, puisqu'il souligne l'histoire de la ville, son dynamisme à ce chapitre et sa diversité ethnoculturelle.