S'il remporte un succès d'estime, le système de location-vélo Bixi de la Ville de Montréal suscite encore des doutes quant à sa viabilité financière à moyen terme.

Au point où le vérificateur de la Ville a décidé d'y effectuer une révision spéciale des livres comptables, a appris La Presse.

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«Il y a un mandat de vérification en cours chez Bixi, qui devrait durer quelques semaines. Selon notre analyse de risque financier pour la Ville, nous considérons qu'il s'agit d'un enjeu important», a-t-on confirmé au bureau du vérificateur de la Ville de Montréal.

«Le vérificateur nous a demandé certains documents, mais je n'ai pas encore discuté avec eux. Notre plan d'affaires est là. Tout est transparent», a réagi pour sa part Roger Plamondon, président du conseil de la «Société de vélo en libre-service».

Cette société qui gère Bixi est une affiliée de Stationnement de Montréal, qui est à l'origine de ce système de vélos locatifs urbains.

Au bureau du vérificateur de la Ville, on se préoccupe notamment de la dette d'au moins 31,7 millions$ encourue jusqu'à maintenant par la société à but non lucratif qui gère Bixi.

Pour le moment, au lieu d'apparaître aux livres de la Ville, cette dette de Bixi demeure inscrite comme une «avance de fonds» au bilan de la société paramunicipale Stationnement de Montréal.

Or, cette entente de financement initial et temporaire est parvenue à échéance en mai dernier. Et Stationnement de Montréal veut récupérer ses billes en réclamant de la ville une «nouvelle entente» pour le soutien financier de Bixi.

Le président du conseil de Stationnement de Montréal, Rémi Racine, espère conclure bientôt les négociations avec la direction financière de la Ville.

«Notre mandat est de gérer des espaces de stationnement et d'en susciter des revenus pour la Ville de Montréal, a-t-il souligné en entrevue.

«Les millions que nous avons avancés à Bixi pour son lancement ont dû être soustraits des redevances payables à Montréal. Si ça doit continuer comme ça, ça nous prend une nouvelle entente à long terme avec la Ville.»

Par ailleurs, au bureau du vérificateur de la Ville, on se préoccupe aussi des résultats d'exploitation de Bixi, encore très fragile face à ses coûts élevés de démarrage.

L'an dernier seulement, le déficit net de Bixi s'est élevé à 6,9 millions, selon les plus récents états financiers de Stationnement de Montréal.

C'était 1,4 million de plus que le chiffre divulgué en mai dernier par le président du conseil de Bixi, M. Plamondon, mais qui excluait alors les frais de financement et d'amortissement d'actif de la société de vélo.

Pour cette année, les dirigeants de Bixi prétendent encore atteindre l'équilibre budgétaire, sinon même un léger surplus.

Mais en entrevue, M. Plamondon a admis que cet objectif financier demeure conditionnel aux profits attendus à court terme des premiers contrats de Bixi hors de Montréal.

Il a refusé toutefois d'en dire davantage, invoquant la concurrence pour d'autres contrats en négociations.

En particulier, Bixi attend encore le résultat net du contrat de 38 millions$ conclu avec la ville de Londres pour la fourniture d'un système de 6000 vélos et de 400 stations de location, qui a été inauguré le mois dernier.

Ailleurs, Bixi a vendu un système de 600 vélos à Melbourne, en Australie, et de 700 vélos à Minneapolis, dans le Midwest américain. En contrepartie, un contrat d'un système de 1000 vélos à Washington a été retardé à l'automne.

Aussi, pour résorber son déficit à court terme, la société Bixi mise sur l'ajout d'abonnés à Montréal, jusqu'à 32 000 en fin d'année comparativement à 10 000 l'an dernier.

Or, ces jours-ci, Bixi demeure sous les 28 000 abonnés alors que la fin de saison 2010 point déjà l'horizon, dans quelques semaines.

Si cet écart de 4000 abonnés persiste, le manque à gagner immédiat pour Bixi dépasserait les 300 000$, ce qui alourdirait d'autant le déficit d'exploitation du système à Montréal.

Malgré tout, son président du conseil, Roger Plamondon, s'est dit sûr de combler cet écart au cours des prochaines semaines, notamment avec de nouvelles promotions.